Les soldats français quitteront le Mali au début du mois prochain a indiqué hier le président français C'est ce que souligne dans son rapport le directeur exécutif de l'organisation de défense des droits de l'homme. L'intervention militaire française à la demande du gouvernement de transition malien n'aura eu qu'un impact négatif en offensant dans un contexte déjà rendu ardu par une crise humanitaire qui s'annonce inextricable au moment où l'Elysée prévient que ses troupes devraient commencer à quitter le Mali le mois de mars prochain. En déclenchant une guerre éclair pour stopper la progression des groupes terroristes vers la capitale malienne, Bamako, par son opération Serval, avec la participation de 4 600 soldats français, dont 3 500 sur le sol malien, la France pense néanmoins avoir fait l'essentiel en déclarant avoir repris les principales villes du Nord du Mali, Gao, Tombouctou et Kidal. Mais qu'aura laissé cette intervention comme conséquences? Quel héritage a été au bénéfice des Maliens? A ce propos des informations font état que la crise humanitaire infligée aux Maliens risque, à ne pas en douter, de toucher toutes les régions voisines du Mali, entraînant le déplacement de populations qui trouvent refuge dans les pays limitrophes. Selon les statistiques de l'ONU, plus de 412.000 personnes ont déjà fui le Mali vers le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie, dont 208.000 femmes et enfants. A ce chiffre, on estime que 204.000, autres réfugiés se sont installés à l'extrême sud de l'Algérie. On rapporte qu'ils vivent dans des conditions difficiles. Abordant ce chapitre, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a réaffirmé mardi dernier à Bruxelles lors de la réunion ministérielle du groupe de soutien et de suivi sur le Mali «la situation au niveau des frontières avec le Mali est complètement maîtrisée, même si la vigilance reste de mise» et d'ajouter «la contribution découle au vu de la décision du dernier Sommet de l'Union africaine, de la part qui lui revient dans l'enveloppe de 50 millions de dollars accordée à la Misma et au soutien des forces de défense et de sécurité du Mali». Le ministre ne manquera pas de rappeler dans ce même contexte: «L'Algérie a toujours manifesté une solidarité effective et concrète avec le Mali depuis le début de la crise, en témoignent l'aide de 10 millions de dollars, la formation et le renforcement des capacités de l'armée malienne, la fourniture d'équipement et matériel au profit des forces de sécurité maliennes, ainsi que l'acheminement de 5800 tonnes d'aide au profit des réfugiés». Pour le ministre ce geste définit la solidarité de l'Algérie avec le Mali. Ces efforts quoi qu'importants ne sont pas en mesure de sauver les Maliens de la crise humanitaire. Différentes organisations internationales à l'image de Human Rights Watch se sont inquiétées des témoignages non seulement sur la souffrance de la population sur le plan humanitaire, mais notamment sur les multiples meurtres et disparitions à titre de représailles. Des accusations gravissimes imputées à l'armée malienne. Il faut dire que c'est l'une des rares fois où l'on assiste à une guerre sans images. La France a pris le soin de garder le Mali coupé du monde, mais ira-t-elle jusqu'à fermer les yeux sur les actes de barbarie? Sera-t-elle accusée, dans un futur proche, de crimes de guerre? L'avenir nous le dira certainement! Ce qui est sûr, selon des spécialistes des droits de l'homme présents sur le terrain «les forces maliennes sont impliquées dans une série de meurtres et de disparitions perpétrés à titre de représailles et nous craignons qu'il y en ait d'autres». C'est ce que souligne dans son rapport le directeur exécutif de l'organisation de défense des droits de l'homme, Kenneth Roth. De son côté, Human Rights Watch, a demandé que des observateurs internationaux chargés des droits de l'homme se joignent aux forces internationales, chose à laquelle la France s'est déclarée favorable. Dénonçant les abus contre les droits de l'homme, le Front islamique arabe de l'Azawad souligne, quant à lui, les graves exactions, massacres sur les populations civiles nomades dont sont victimes Arabes, Touareg et Peuls. Le Fiaa accuse directement l'armée malienne, «avec les seconds couteaux de ses milices dans le sillage de l'avancée des troupes françaises» souligne-t-on dans un communiqué de ce même mouvement signé par son secrétaire général Melanine Ould Bady. C'est pour dire qu'une grande partie du Mali souffre d'une crise humanitaire de grande ampleur, au moment où d'autres font l'objet d'exactions graves. Une enquête, a-t-on rapporté a été ouverte «le 16 Janvier par le procureur de la Cour pénale internationale et qui concerne les crimes de guerre présumés et commis depuis janvier 2012». La Cour pénale internationale porte des soupçons sur l'armée malienne, se basant sur des témoins, précise-t- on.