L'image du «pavillon» Sonatrach est bien entachée Il est à se demander s'il y a réellement une volonté politique de lutter contre le phénomène de la corruption qui n'épargne aucun secteur. La corruption, notamment le délit d'initié est une pratique courante en Algérie. Toutes ces fraudes, détournements, corruption n'auraient été possibles sans l'existence d'une volonté délibérée de contourner la réglementation en vigueur, selon les observateurs. Tant de connivences dans un secteur aussi sensible que celui de l'énergie, qui est pourtant censé être conforté par une réglementation dissuasive. Ainsi, le groupe italien Saipem, vraisemblablement prédisposé à ce genre de pratiques, se trouve au centre de scandales de corruption éclaboussant la Sonatrach. Le groupe italien a obtenu différents marchés estimés à plusieurs milliards de dollars et des contrats dans différents domaines pétroliers avec Sonatrach. En tous cas, d'aucuns diraient que la corruption n'est souhaitable et envisageable que si le risque encouru est inférieur au bénéfice. Or, en Algérie, l'obligation pour une entreprise de payer un pot-de-vin à un décideur pour obtenir un marché et éviter par exemple de déposer le bilan, pourra l'inciter à mettre en place un système de corruption quels que soient les risques encourus, car la situation est désespérée. L'absence de sanction exemplaire à l'encontre des corrupteurs est l'origine du manque de confiance affiché par la population vis-à-vis de ses dirigeants. Selon les médias, le groupe Eni et son directeur général Paolo Scaroni sont visés par une action judiciaire ouverte par le parquet de Milan, depuis 2011. La presse italienne, citant des sources judiciaires, rapporte que M. Scaroni, premier responsable de l'Eni est poursuivi pour avoir tenu des rencontres secrètes de négociations à Paris en vue d'obtenir à son groupe (Eni et Saipem) un marché en contrepartie d'une commission. Ce marché d'un montant de 11 milliards de dollars est conclu avec le groupe algérien Sonatrach. A travers un communiqué, Eni a pris acte du fait que le groupe et son DG sont désormais concernés par l'enquête. Toutefois, Eni et son directeur général se déclarent totalement étrangers à l'objet de l'enquête. Saipem est détenue à 42,93% par Eni. Dans ce contexte, il est relevé l'existence d'une commission occulte de 197 millions d'euros qui aurait été versée, via un intermédiaire, à des responsables algériens. La police financière a mené jeudi dernier des perquisitions aux sièges d'Eni et de Saipem et au domicile de M.Scaroni à Milan. Huit personnes au total font l'objet d'une enquête, selon les médias italiens. Pour rappel, l'éclatement du scandale Sonatrach a fait fuir de l'Algérie le P-DG de Saipem Algérie et plusieurs autres cadres italiens. L'ex-PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, a été mis sous mandat de dépôt dans le cadre de l'instruction liée à la signature par la compagnie nationale des hydrocarbures d'un contrat de «consulting» avec Saipem en échange du versement d'une rétribution mensuelle de 120.000 DA. Par ailleurs, les entreprises chinoises, perçues comme les plus susceptibles de verser des pots-de-vin à l'étranger ont paradoxalement obtenu des marchés importants en Algérie ces dernières années. Enfin, outre une sanction sévère, certaines organisations de lutte contre la corruption préconisent de limiter dans le temps les hautes fonctions dévolues aux cadres de l'Etat dans le domaine économique, administratif et sécuritaire «afin d'éviter toute appropriation de la fonction par ledit cadre». Cela conduit aux diverses dérives, notamment la corruption, et conforte par-dessus tout l'intéressé dans sa conception qu'il est l'incarnation et la personnification de l'Etat.