Elisabeth Guigou n'oublie pas son pays de naissance L'appui de la France à la proposition du Makhzen intervient en plein procès des 24 militants sahraouis, qui fait fi du droit international et est pointé du doigt par la communauté internationale. La patrie des droits de l'homme a-t-elle perdu le nord? Son intervention militaire au Mali pour lutter contre le terrorisme islamiste, l'intolérance et l'obscurantisme, a-t-elle réveillé en elle les vieux démons de domination. Ces réflexes refoulés semblent avoir trouvé refuge dans le conflit du Sahara occidental. Par Maroc interposé. Un transfert. Difficile d'en faire une simple question de psychanalyse. Surtout lorsque c'est la liberté d'un peuple qui est en jeu. La France donne en tous les cas l'impression de ne pas s'être totalement remise de son passé. Explications. Alors que l'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental sillonne les principales capitales occidentales pour tenter de trouver une issue à ce dossier qui est dans l'impasse depuis près de 40 ans, la présidente socialiste de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, Elisabeth Guigou, a réitéré le soutien de Paris au Maroc. Dans la conjoncture actuelle marquée par la menace que font peser les groupes terroristes sur la bande sahélo-saharienne et au-delà, «ce serait très important que la question du Sahara puisse trouver une issue» a souhaité l'ex-garde des Sceaux du gouvernement Jospin. Quel type de solution préconise l'Hexagone pour mettre fin au calvaire du peuple sahraoui? Garder le Sahara occidental dans le giron marocain serait un scénario parfait pour le monarque chérifien. Paris est plus que disposé à le soutenir et à lui faire plaisir. «La France soutient depuis longtemps la proposition marocaine d'autonomie qui nous paraît être vraiment crédible... Les autorités françaises le disent et le redisent y compris en Algérie», a affirmé avec insistance, le 8 février à Paris, l'ex-ministre déléguée chargée des Affaires européennes de François Mitterrand à l'issue d'un entretien avec le président de la Chambre des représentants marocains. Une position qui est aux antipodes de la résolution 2044 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui doit expirer le 30 avril 2013, et qui garantit au peuple du Sahara occidental le droit de s'exprimer librement quant à son avenir dans le cadre d'un référendum d'autodétermination. D'autant plus que ce type de déclaration intervient au moment où le représentant personnel du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies poursuit sa navette diplomatique. Christopher Ross était lundi à Madrid presque aux portes de Rabat d'où lui sont certainement parvenues les voix des 24 Sahraouis détenus à la prison locale de Salé (ville jumelle de Rabat), jugés depuis le début du mois de février par le tribunal militaire de Rabat. Ils revendiquent haut et fort leur combat pacifique pour l'autodétermination du peuple sahraoui. Face à la répression, la protestation peut se radicaliser. Le diplomate américain qui sait plus que quiconque que les ingrédients d'une explosion au Sahara occidental sont réunis, a lancé un SOS. «Je demande aux membres du Conseil de sécurité et à l'ensemble de la communauté internationale de s'y joindre pour encourager les deux parties au conflit à entamer des négociations sérieuses afin de parvenir à une solution honorable qui mettra fin à cette situation», a déclaré l'envoyé spécial des Nations unies. Paris ne semble pas l'avoir entendu et réitère un soutien aveugle à un système pris en flagrant délit de pratique de la torture, indésirable au Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies et épinglé à plusieurs reprises sur la question du respect des droits de l'homme...