Le Conseil de sécurité doit se prononcer, aujourd'hui, sur un projet de résolution où sera réaffirmé le droit des Sahraouis à l'autodétermination. Le dossier sahraoui a encore donné lieu, ces derniers jours, à des joutes lors desquelles au moins deux membres permanents du Conseil de sécurité, les Etats-Unis et la France, ont tenté de changer la nature réelle du conflit du Sahara occidental qui est et reste un problème de décolonisation comme l'a réitéré à plusieurs reprises le Conseil de sécurité de l'ONU. Paris et Washington prenant fait et cause pour le Maroc ont tenté de faire avaliser, comme «base» des négociations, entre les deux belligérants (le Maroc et le Front Polisario), le projet «d'autonomie» présenté par Rabat le 12 avril. Or, outre d'aller à l'encontre du dernier rapport du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, ce dernier rappelait le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, la manoeuvre franco-américaine tendait à faire accroire que la «marocanité» du territoire sahraoui est un fait acquis alors que c'est là le noeud gordien du problème. Problème que seul un référendum donnant au peuple sahraoui de s'exprimer librement sur sa destinée, comme le demande la communauté internationale, est à même de dénouer. Ces manoeuvres d'obstruction de la part de ces grandes puissances, ont fait dire à l'ambassadeur d'Algérie auprès des Nations unies, Youcef Yousfi, qu'«il y a un acharnement des Etats-Unis, de la France et de l'Espagne à vouloir violer la légalité internationale en ignorant tout simplement le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui qui est un des principaux piliers des Nations unies». Dans l'affaire du Sahara occidental, il y a effectivement un déni de droit dont est victime le peuple sahraoui de la part notamment de l'ancien colonisateur, l'Espagne, et de la France, lesquels ont porté, ces dernières années, à bout de bras, les prétentions marocaines sur le Sahara occidental. Cependant, encore une fois, le Maroc échoue à faire adopter par le Conseil de sécurité, une résolution qui lui soit favorable ou mieux qui entérine le fait accompli marocain au Sahara occidental. Comme les précédents plans marocains, le projet de Rabat «d'autonomie» pour le Sahara occidental sera mort-né et le projet de résolution qui sera soumis, aujourd'hui, au vote du Conseil de sécurité, tout en prenant en compte les avis présentés par les deux belligérants (le Maroc et le Front Polisarion) réitère l'appel à des négociations sous l'égide de l'ONU pour dégager une solution politique, mutuellement acceptable qui conduit à «l'autodétermination du peuple sahraoui». Ce qui ressort des tractations en cours est le fait important dans le contexte actuel de la crise sahraouie, que l'autodétermination du peuple sahraoui n'est pas facultative et reste l'unique recours pour résoudre le contentieux autour des territoires sahraouis. Ce que souligne l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Peter van Walsum, qui a réitéré dans une déclaration au quotidien égyptien Al Ahram qu' «Il n'y aura aucune autre solution en dehors de l'indépendance nationale sur toute l'étendue du territoire de la République sahraouie» M.van Walsum a, d'autre part, estimé que «la voie la plus courte pour le règlement de la question du Sahara occidental est l'adoption par le Conseil de sécurité d'une décision qui prévoit clairement que le règlement de cette question passe par le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Se félicitant de la constance de l'ONU dans l'affaire sahraouie, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz a relevé dans la soirée de samedi, «l'échec de la manoeuvre», ourdie par le Maroc, pour vider le référendum au Sahara occidental de sa connotation réelle: l'autodétermination et le choix libre des Sahraouis de leur avenir futur. M.Abdelaziz a indiqué, à ce propos, que «la manoeuvre qui tentait de faire sortir la question de décolonisation du Sahara occidental de son cadre réel a échoué». Le président sahraoui a précisé, selon l'agence sahraouie SPS, que «le draft (ébauche) actuel adopté par les experts, qui sera soumis lundi au Conseil de sécurité, met en exergue les propositions des deux parties sur un même pied d'égalité et appelle à des négociations pour dégager une solution politique, mutuellement acceptable qui conduit à l'autodétermination du peuple sahraoui». Et le président sahraoui d'ajouter: «Les négociations ont pour objet de conduire à l'autodétermination et c'est là où réside l'échec de la manoeuvre marocaine.» Relevant, par ailleurs, que la résolution «insiste sur le cadre onusien de la solution du conflit qui demeure une question de décolonisation inachevée». En tout état de cause, le Conseil de sécurité doit trancher, aujourd'hui, sur cette question, tout en renouvelant le mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) qui vient à échéance, ce 30 avril. En principe le mandat de la Minurso sera prorogé pour six autres mois jusqu'au 31 octobre prochain.