«On a usé de tous les moyens légaux et nos démarches sont restées vaines et sans échos depuis 1991.» Ces familles ont élu domicile sur le trottoir, à quelques pas de l'Opgi de Bir Mourad Raïs, depuis le 29 juillet. Ce sit-in intervient comme un ultime moyen utilisé par ces citoyens dans l'espoir d'attirer, sérieusement, l'attention des autorités concernées. Lors de notre visite sur les lieux, on a rencontré M. Berached, président de l'APW, accompagné de M. Aït Cherif Ahmed, son premier vice-président. «Nous attendons l'installation officielle du nouveau wali pour poser, comme priorité urgente, le problème de ces familles.» Pour agir dans un cadre légal, ces familles ont créé l'association des expulsés Haï Sidi Yahia Amel. Son président appréhende ces visites éclair gavées de promesses, car, déclare-t-il: «On a adressé des lettres ouvertes à tous les niveaux hiérarchiques de l'Etat, allant du président de l'APC au Président de la République, sans résultat aucun à ce jour.» Il poursuit: «On a assisté au changement de trois walis, et bientôt à un quatrième, et notre problème demeure.» Et de lâcher: «On veut une solution qui changera notre condition et non un changement inutile d'hommes sans rien de concret.» En attendant donc, ces familles «s'exposent» sur le trottoir aux regards curieux des passants. Au mur mitoyen du siège de la daïra, plusieurs coupures de presse, ainsi que des banderoles sont collées. Un spectacle à la limite de la désolation. Sans mur, sans toit et sans sanitaires. A ce stade, un centre de transit serait un luxe qu'elles ne se permettent pas. Un des membres de ces familles, très affecté, nous confie: «Dans un premier temps, on n'a pas voulu exposer l'intimité de nos familles sur le trottoir, dans les journaux, mais que voulez-vous, nos responsables ne se sont pas inquiétés même avec cela.» Ce spectacle n'est, malheureusement, pas une exception. Il occupe, chaque jour que Dieu fait, les devants de la scène. A Bab El-Oued, un exemple parmi des dizaines d'autres: 17 familles de 96 membres vivent presque le même drame. Ces familles ont été logées dans un immeuble appartenant à l'Opgi, sis au 60, avenue Colonel Lotfi. Après moult tracas avec l'Opgi, qui voulait récupérer son bien, les «locataires» ont été sommés, au mois d'avril dernier, de quitter les lieux. Effectivement, l'immeuble menace ruine - effondrement au niveau des plafonds - des escaliers, et les murs sont lézardés. Evacuées par les services de la Protection civile, ces familles se retrouvent dans la rue. En l'absence d'un minimum de conditions, dont peut se prévaloir un citoyen, ces familles de Bab El-Oued, comme celles de Bir Mourad Raïs, confectionnent des gîtes de fortune en attendant.... Godot.