Les terres agricoles en Algérie ont été littéralement «bouffées» par le béton. La Mitidja en est le parfait exemple. Ce constat vient encore une fois d'être rappelé par le ministre de l'Agriculture et du Développement Rachid Benaïssa. A en croire ce dernier, plus de 150.000 ha ont été détournés de leur vocation agricole depuis l'indépendance du pays en 1962. Le ministre, qui estime que le taux d'aliénation des assiettes de l'or vert pourrait être bien plus élevé, a expliqué que le détournement s'est fait «parfois avec facilité»au profit du développement du bâti. Tout en regrettant cette amère réalité, M.Benaïssa, a rappelé sur les ondes de la Radio nationale, le dispositif mis en place pour «freiner la perte des terres agricoles». «Il a fallu des rappels à l'ordre par le président de la République et des lois exigeant des conditions à ce détournement des terres agricoles» a-t-il soutenu. A priori, l'évaluation communiquée par Benaissa laisse plutôt optimiste, puisque le département de l'agriculture faisait état en 2002 de quelque 161.000 ha de terres agricoles englouties par le béton, alors que la presse allait de ses chiffres et rapportait le chiffre de 270.000 ha livrés à l'urbanisation rampante. Notons que ces pertes sont remarquables dans diverses communes et wilayas, à l'instar de Bordj Bou Arréridj et encore davantage dans l'Algérois, et ce en raison du caractère stratégique de parcelles qui suscitent la convoitise des investisseurs, notamment dans les secteurs, de l'industrie, du tourisme et de l'hôtellerie. Des espaces entiers sont laissés en jachère à cause de l'indigence de moyens dont disposent les agriculteurs pour les exploiter. Aussi, les terres deviennent de la sorte faciles à accaparer, sous la pression du pouvoir de l'argent. Le détournement des terres agricoles «a été toujours un sujet de discorde entre le secteur agricole et d'autres secteurs, mais il devient de plus en plus difficile grâce à la promulgation des lois», a rassuré M.Benaïssa en ajoutant: «Je comprends que d'autres secteurs aient besoin de terres pour créer des conditions de vie, c'est normal (...) mais cela ne doit pas être au détriment des terres agricoles.» La loi d'orientation agricole de 2008 et celle portant sur l'exploitation des terres du domaine privé de l'Etat de 2010 avaient fixé le cadre dans lequel les terres «à faibles potentialités agricoles» peuvent être utilisées pour la réalisation des projets d'équipements publics et des constructions. L'affectation des terres agricoles au profit des projets de développement se fait désormais par décret, suite à une décision du gouvernement en vigueur depuis 2011. Sur une superficie de près de 50 millions d'ha agricoles, seulement 8,4 millions d'ha sont des terres arables appelées aussi superficie agricole utile (SAU) que l'Algérie compte augmenter à travers la mise en valeur, notamment au sud du pays.