Ces pèlerins devaient effectuer leur voyage aux Lieux Saints comme l'ont toujours fait les émigrés en France. «Pour nous, aujourd'hui, c'est un peu Laïlat El Qadr!» répétait à qui veut l'entendre le cheikh d'une mosquée de Marseille, mercredi dernier, dans la salle d'embarquement de l'aéroport Houari Boumédiene d'Alger, où 142 pèlerins algériens résidant dans le sud de la France, s'apprêtaient à prendre le vol d'Air Algérie à destination de La Mecque. Pourquoi ces émigrés transitaient-ils par Alger pour effectuer leur pèlerinage? Et pourquoi étaient-ils convaincus d'avoir eu beaucoup de chance? Leur histoire est peu banale. Ces pèlerins devaient effectuer leur voyage aux Lieux Saints comme l'ont toujours fait les émigrés en France. Les agences de voyages qui proposent le pèlerinage ne manquent pas dans l'Hexagone. C'est avec l'une d'elles que ces futurs hadjis devaient s'envoler de Marseille vers Djeddah le 11 décembre dernier à bord d'un appareil de la Syrian Air Lines. Seulement voilà, à cette date, le consulat d'Arabie Saoudite ne leur avait pas encore délivré de visas. L'avion est parti sans eux et le voyagiste a déclaré «forfait». Resté en rade, le cheikh pris les choses en main et contacta les responsables d'Air Algérie à Marseille, les priant de faire quelque chose. Ces derniers, après avoir avisé leur direction générale, laquelle aussitôt et en concertation avec les autorités publiques, donna son accord pour leur venir en aide. Il ne restait plus que les visas à obtenir. Le cheikh fit le pied de grue devant le consulat d'Arabie Saoudite à Paris durant deux longues journées. Le 13 décembre à 18 h, soit deux jours après la date prévue de leur départ initial, les visas sont enfin retirés à la direction Marseille-agence Air Algérie. Le dispositif spécial se met en place. Les 142 pèlerins prendront d'abord le vol régulier en direction d'Alger où un Boeing 737-800 flambant neuf les attend pour les conduire sur les lieux du pèlerinage. C'est au cours de cette escale à Alger que nous les avons rencontrés. Ecoutons les précisions du cheikh: «Vous savez, à chaque fois qu'un Algérien résidant en France a un problème, c'est à son pays qu'il pense. C'est cette réaction que nous avons eue en faisant appel à notre compagnie nationale. Notre cas était insoluble pour les voyagistes français. Nous n'avons pas eu tort car, quelques heures après, les responsables d'Air Algérie à Marseille nous ont appris que la direction générale a répondu favorablement à notre demande. Nous voilà ici à Alger aujour-d'hui en partance pour La Mecque. Très peu d'entre nous croyaient à cette chance. C'est pourquoi nous pensons que c'est un vrai miracle. Des compatriotes dans d'autres régions de France ont eu la même mésaventure des visas délivrés en retard mais n'ont pas eu le réflexe de s'adresser aux institutions de notre pays pour les sortir d'affaire. Nous, nous l'avons eu et nous en sommes heureux.» La décision algérienne de prendre en charge ces pèlerins laissés en rade à Marseille, témoigne de l'attachement du pays envers ses enfants où qu'ils se trouvent. Un de ces actes qui rapprochera davantage nos émigrés des institutions de leur pays. D'ailleurs et au moment de rejoindre le tarmac de l'aéroport Houari Boumédiene pour prendre place dans l'avion qui les menera à Djeddah, nos émigrés-pélerins nous ont chargés d'un message. «Remerciez pour nous toutes les autorités du pays et en particulier les plus hauts responsables d'Air Algérie qui ont contribué à exaucer notre voeu!», nous ont-ils demandé. C'est fait!