La secrétaire générale du Parti des travailleurs Les mises en garde de Hanoune, qui ne parle pas dans le vide lorsqu'il s'agit de défendre l'unité nationale, recadrent le débat sur cette question très sensible. L'Algérie est-elle au coeur d'un complot visant sa déstabilisation? Les éléments avancés, hier à Alger, par la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) à l'ouverture d'une réunion ordinaire du bureau politique, corroborent cette thèse. Derrière ce complot, qui vise l'Algérie, se trouvent le Qatar, l'Arabie Saoudite, l'administration américaine et d'autres forces étrangères... Première révélation de Mme Hanoune: 200 jeunes Algériens sont formés par une organisation rattachée à la redoutable agence de renseignement américaine CIA qui les prépare à des actes de subversion. L'oratrice accuse une autre organisation américaine proche de la CIA, dénommée Canvas-dont le quartier général serait en Bulgarie-de vouloir créer un mouvement dont l'objectif est le renversement du régime en Algérie. «Cette organisation veut faire bouger les syndicats et incite aux révolutions», a-t-elle accusé. La secrétaire générale du PT a cité également le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) qui serait «financé par les Européens et les Américains». Plus grave encore, Hanoune a évoqué un groupe terroriste séparatiste qui veut l'indépendance du Sahara algérien et est «conduit par un enseignant universitaire». Ce dernier serait, affirme-t-elle, victime de la loi électorale l'ayant empêché de se présenter aux élections législatives. La guerre au Mali et l'intervention de l'Otan en Libye n'ont pas été en reste dans l'exposé de Mme Hanoune: «Le Sud algérien est visé par les plans impérialistes», qui viseraient aussi le démembrement de tous les pays du Sahel en se basant sur des données ethniques. Dans ce chapitre, Hanoune accuse ouvertement le Qatar et l'Arabie Saoudite, qualifiés de bras de l'administration américaine, de vouloir attiser le feu de la fitna. Les éclats de la bombe de la division que ces pays veulent faire exploser en Syrie doivent, selon ce plan révélé par Louisa Hanoune, atteindre l'Algérie. «Il apparaît de jour en jour que notre pays est entré dans la zone de hautes turbulences», soutient la première dame du PT. Faire face à un tel complot est devenu, a soutenu l'oratrice, «une question de sauvegarde nationale». Comment? Pour ce faire, Louisa Hanoune appelle à des mesures d'apaisement du front social, de développement du Sud, des mesures radicales de lutte contre la corruption et de véritables réformes politiques. Ainsi, la secrétaire générale du PT plaide pour que la priorité, en matière de projets de développement économique et social, soit donnée aux wilayas du Sud du pays et aux régions enclavées du Nord. Elle plaide pour une politique d'industrialisation, à travers l'ouverture de zones industrielles et la réouverture des sociétés fermées, dans ces régions. Le gouvernement, qui a multiplié ses opérations de charme à l'égard des populations du Sud semble mesurer ce risque et le danger de persister dans la politique de l'exclusion et de la marginalisation de cette région. Les mêmes conditions qui ont conduit à la naissance du Mnla au nord du Mali, puis à la proclamation de l'indépendance de l'Azawad et enfin à l'intervention militaire étrangère sont, en effet, réunies concernant les Touareg du sud de l'Algérie. L'objectif du gouvernement, dont le Premier ministre a fait allusion aux indépendantistes du Sud à partir d'In Amenas, le 24 février dernier, est de désamorcer cette bombe à retardement. Il est vrai que la menace que fait peser le MAK pour l'unité nationale est insignifiante devant la menace qui viendrait du Sud. Toujours est-il, Louisa Hanoune veut faire barrage à ces tentations. La corruption est née du système du parti unique Dans son allocution, Mme Hanoune n'a pas manqué d'évoquer la corruption, regrettant que l'affaire Sonatrach 2 ait été instruite en Italie. Hanoune a démenti le fait que ce phénomène est né en 1999. «Les scandales de corruption remontent à la fin des années 1970 et le début des années 1980. La corruption est née avec le système de l'ex-parti unique», a-t-elle indiqué. L'oratrice a déploré le fait qu'à cause de l'impunité, la corruption a atteint la majorité des secteurs, y compris le secteur privé. Pour lutter contre ce phénomène, elle appelle à des mesures radicales et des «décisions révolutionnaires» comme le renforcement des moyens de la Cour des comptes, la protection des agents de police, de douane et les juges et la confiscation des biens mal acquis. Sur le plan social, Mme Hanoune a appelé le gouvernement à une aide au loyer pour les familles qui n'ont pas bénéficié de logement, à la satisfaction des revendications des travailleurs et des chômeurs, à mettre fin à la répression et à mettre un terme à la spéculation qui provoque la hausse des prix des produits de large consommation. Sur le plan politique, elle a appelé à reporter le projet de révision de la Constitution après l'élection présidentielle de 2014. Pour que cette dernière échéance soit transparente, Mme Hanoune plaide pour, entres autres, la révision de la loi électorale et l'assainissement du fichier électoral.