Avec 118 voix pour et seulement 2 voix contre, la nouvelle loi électorale est désormais en vigueur. La séance plénière d'hier, présidée par M.Bensalah, a battu tous les records. Elle n'a pas duré plus de 30 minutes. Ils n'étaient que 94 sénateurs présents alors que 26 autres ont signé des procurations à leurs collègues. Un quorum largement atteint du fait que la loi n'exige que 99 voix. Présent aux travaux, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales n'a même pas jugé utile de prendre la parole. A-t-il tout dit samedi dernier lors de son intervention au sein de la haute chambre ou cache-t-il quelque chose derrière son mutisme? De toute manière, la position du gouvernement a été rappelée par le rapporteur de la commission mixte. Premier à intervenir, il dira : «Zerhouni a estimé que ce texte va renforcer la démocratie et s'est engagé à respecter la nouvelle loi tout en soulignant la neutralité de l'administration.» Le même rapporteur conclut qu'»en dépit de ses avantages et inconvénients, ce texte va consolider les élections». Pour cette raison, l'orateur appelle, au nom de la commission «les députés à adopter le nouveau texte». Reprenant la parole, le président de la deuxième chambre a invité les sénateurs à s'exprimer à main levée. Au bout de deux minutes, le voile est levé. Sans aucun commentaire, M.Bensalah annonce le fameux résultat. Des chiffres froids et têtus mais qui cachent mal la chaleur des alliances qui se sont tramées à l'occasion. Alors que les observateurs s'attendaient à une bataille musclée lors du vote, les sénateurs, contre toute attente, ont préféré limiter les dégâts et converger pour l'option adoptée par l'APN. Apparemment, tout le monde a intérêt à ce que cette loi passe. Pour être plus clair, aucun parti ne sera perdant si la loi est acceptée. Pourtant les sénateurs du RND avaient insinué, lors des débats du samedi, un rejet du texte en question. Une menace qui s'est avérée un simple coup d'épée dans l'eau. Du fait que le président de la République, soutenu par son chef du gouvernement, ne voit aucun inconvénient à ce que l'armée vote à l'extérieur des casernes, du moment qu'elle affirme qu'elle ne soutient aucun candidat, lui y compris. Adopter cette loi, donc, constitue le meilleur moyen pour Bouteflika de couper l'herbe sous le pied de tous ses rivaux. «Refuser cette nouvelle loi c'est aller contre l'intérêt de la démocratie. Nous ne pouvons pas nous opposer à la majorité de l'APN», déclare un sénateur RND avant d'ajouter «durant sa conférence de presse, Ouyahia a dit que les premiers qui voteront pour le texte sont les membres du RND». Alors que M.Mehdi, représentant du tiers présidentiel, reste sceptique: «Ce texte va renforcer la démocratie mais il touche à la personnalité des citoyens et risque d'empêcher l'ANP de voter.» Concernant la transparence des élections, M.Mehdi précise que «la loi adoptée n'apporte pas du nouveau puisque les bureaux de vote étaient déjà sous le contrôle des candidats». Mais une chose est sûre, c'est que les 500.000 voix que représentent les corps constitués sont libres de choisir leur président. Ce gage qui a fait défaut en 1999 doit être renforcé par l'implication des candidats dans le contrôle du scrutin. Car, pour paraphraser un opposant politique, l'intégrité des élections doit être imposée par les candidats et non sollicitée par l'administration. Désormais, nos acteurs politiques sont appelés à faire une autocritique avant de se pencher sur autre chose.