Les magistrats auront du pain sur la planche Il n'est un secret pour personne, le trafic international de drogue commence à partir du Royaume chérifien et très précisément dans la localité sinueuse de Ketama. La wilaya d'Oran est-elle devenue une plaque tournante du trafic de drogue? Tout porte à le croire au vu des bilans de l'exercice de l'année dernière du deuxième commandement régional de la Gendarmerie nationale. Ce dernier a traité 195 affaires qui ont été transmises vers les tribunaux d'Oran pour être jugées, dans la session criminelle de l'année en cours, 300 autres individus ont été arrêtés et poursuivis pour le chef d'inculpation lié au trafic de drogue. Ce phénomène interfrontalier de trafic de drogue continue à prendre des courbes inquiétentes dans la majeure partie des villes de l'ouest du pays. La dernière affaire en date remonte à la fin de la semaine dernière, les éléments de la brigade mobile de la gendarmerie de Maghnia ont saisi une quantité estimée à 1.028 kilos de kif traité. Cette prise a été opérée au niveau de la RN 7 reliant la ville frontalière de Maghnia à celle de Sabra. Agissant sur informations minutieusement exploitées, ils ont intercepté le véhicule transportant la marchandise prohibée. Le conducteur du véhicule n'a rien trouvé de mieux à faire pour échapper à la souricière qui lui a été tendue, que de prendre la fuite avant d'être arrêté après une course-poursuite. Une enquête a été ouverte pour identifier les éventuels membres du réseau de trafic de drogue et ses ramifications. Au début de la semaine dernière, une autre quantité de 47 quintaux, provenant de la bourgade de Maghnia, wilaya de Tlemcen, a été saisie dans la localité de Sidi Benadda rattachée administrativement à la wilaya de Aïn Témouchent. Sur le champ, plusieurs barons, dont certains faisaient l'objet de longues recherches, ont été arrêtés. Le coup de filet a été ponctué par la saisie de plusieurs voitures haute de gamme utilisées dans le transport du kif. Dans la même journée, une autre prise de 12 quintaux a été opérée dans le lieudit Djouimaâ par la brigade de l'inspection des douanes de Ghazaouet (Tlemcen). L'opération a eu lieu lorsque le conducteur d'un véhicule léger avait refusé de s'arrêter devant un barrage de contrôle de la brigade des douanes, qui a déclenché une course-poursuite. Au bout d'une longue distance, les deux trafiquants ont pris la fuite à la faveur de l'obscurité. Durant les deux premiers mois de l'année en cours, plusieurs réseaux hautement spécialisés sont tombés et plusieurs dizaines de quintaux de cannabis ont été saisis un peu partout dans plusieurs villes et agglomérations de l'ouest du pays comme Maghnia, Sabra, Sebdou, Tlemcen, Aïn Temouchent et Oran. Ces cadeaux empoisonnés devaient inonder le marché d'Oran connu pour sa forte demande ces dernières années. D'aucuns ne peuvent ignorer cette évidence irréfutable. Il n'est un secret pour personne, le trafic de drogue, qui est d'ordre international qui a banni toutes les bornes frontalières, commence à partir du plus grand pays «producteur et exportateur» dans le monde, le Royaume Chérifien et très précisément dans la localité caillouteuse, sinueuse et difficilement accessible de Ketama. Cette localité est très connue pour être leader dans «l'agronomie» du cannabis. «A Ketama, la culture du kif est tout à fait semblable à celle de la pomme de terre, des cardes et des navets», a expliqué le jeune Nabil originaire de Ketama installé à Oran. Et d'ajouter que «dans les communes rurales de Ketama, en plein coeur du Rif, 70% des habitants, soit quelque 100.000 personnes, vivent des recettes du kif». Dans un passé récent, l'Etat marocain, sous la pression internationale, a voulu faire dans la diversion en tentant de diminuer la production du cannabis. Au coeur de la région rifaine de Ketama, les paysans ont fait de la résistance. L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) a, dans un rapport publié, il y a 10 ans, fait état que le Maroc était le premier producteur mondial de cannabis, avec 3070 tonnes et 134.000 hectares de terres cultivées. Dans le même temps, le bureau des Nations unies relève que les exportations du Maroc vers le Vieux Continent sont restées au même niveau.