Des enfants ont encore été victimes de la sauvagerie de personnes, que l'on hésite à compter parmi les humains. Cela se passe, hélas, en Algérie. Alors, où va l'Algérie, peut-on se demander? Un questionnement désormais inévitable, quoiqu'il ait déjà été posé à une époque pas si lointaine, de la dite «tragédie nationale». Or, les conditions qui sont les nôtres aujourd'hui ne sont plus celles qui prévalaient il y a quinze ou vingt ans. De fait, une telle interrogation n'aurait jamais dû, ne serait-ce, qu'effleurer les esprits. Il s'agit ici d'une autre forme de drame, sans doute bestiale, plus pernicieuse et surtout plus abjecte car sans raison, ni sous-tendue par des motifs idéologiques ou autres comme cela a pu être le cas, il n'y a pas si longtemps. Les crimes commis sur des enfants en début de semaine à Constantine, comme ceux qui les ont précédés, toujours sur des enfants, interpellent la conscience nationale, car ce drame n'est plus seulement celui des familles touchées dans leur chair, mais celui des Algériens dans leur ensemble qui voient leurs enfants - qui sont leur raison d'être - la proie et victimes de tueurs sans foi ni loi. A qui se fier? Quels mots pour dire, peuvent dire, l'horreur ressentie face à ces méfaits ignominieux qui se commettent désormais en Algérie, dont les victimes sont de jeunes innocents sans défense, qui s'éveillent à peine à la vie? Des actes isolés, concertés? Ce qui est important est le fait que ces crimes font mal aux familles, à l'Algérie. Peut-on dire que ces forfaits entrent dans le cadre des violences faites aux enfants? Certes pas! Ces crimes inqualifiables, qu'absolument rien ne peut justifier, ni absoudre, ciblent une catégorie de la population qui est la plus fragile: l'enfance. Il y eut des précédents sans que la sonnette d'alarme ne soit tirée. Nos enfants ne sont plus en sécurité! Pourquoi? Comment l'Algérie a-t-elle pu atteindre ce degré de déchéance, inconnu jusqu'ici? Ces tueurs d'enfants sont-ils des Algériens? En effet, qui sont-ils? Pourquoi s'attaquent-ils à des gamines, des gamins auxquels la vie aurait dû sourire? Aujourd'hui, ce n'est pas seulement les parents de Ibrahim et de Haroun qui se trouvent sous le choc de ces assassinats atroces, inhumains, mais les Algériens qui pleurent ces petites victimes, ne comprenant pas, ne pouvant comprendre ce qui ce passe dans leur pays. Que fait l'Etat? Où est la loi? L'assassinat de la petite Chaïma à Mahelma (Zéralda) en décembre de l'année dernière - dont l'auteur du crime court toujours - est encore tout frais dans les mémoires des Algériens. Ces crimes auraient dû éveiller les consciences car ces forfaits n'étaient pas les premiers du genre contre de jeunes enfants. Ces délits ignobles - qui nous font retourner à l'infâme époque des groupes islamistes armés où enfants et femmes enceintes étaient égorgés - nous interpellent et singulièrement les autorités politiques et sécuritaires du pays, lesquelles auraient dû être plus vigilantes parallèlement à la prise de décisions draconiennes pour que de tels méfaits ne puissent plus se renouveler. Ce sont les autorités du pays qui sont désormais au pied du mur, qui ne peuvent plus ignorer que la situation sécuritaire du pays - singulièrement vis-à-vis du crime organisé - est grave, qui doivent prendre toutes les décisions idoines pour mettre le holà à ces forfaits ignobles qui ciblent les enfants. En effet, sommes-nous dans un Etat de non-droit où les citoyens et particulièrement les enfants - des dizaines d'enlèvements et d'assassinats ont eu lieu au cours des deux dernières années dans toutes les régions du pays sans que les auteurs de ces crimes abominables ne soient arrêtés et traduits en justice - ne sont pas protégés contre les crimes, qui vivent taraudés par l'angoisse et l'insécurité? Or, le crime sous toutes ses formes a pris ces dernières années des dimensions qui auraient dû alerter les autorités, tant pour y faire face que pour traquer des criminels qui ne reculent devant aucun forfait. Le crime à Constantine contre les jeunes Ibrahim et Haroun (9 et 10 ans) est particulièrement odieux pour ne point interpeller ceux qui ont pour mission de veiller à la quiétude des citoyens et de leurs familles. Il y a urgence en la demeure, il faut agir. Alors cessons de jouer à l'autruche!