Constantine ne décolère pas Des individus non identifiés ont pris part à cette manifestation qui se voulait apolitique. Profitant du drame terrible qui a secoué deux familles, ces manipulateurs cherchent à tout prix à détourner la situation à des fins dévastatrices. Toujours sous le choc, Constantine ne décolère pas. Le kidnapping suivi de l'assassinat atroce des deux petits, Brahim et Haroun, âgés de 9 et 10 ans, a traumatisé la société. La ville habituellement très mouvementée dès les premières heures de la matinée est demeurée vide, les commerces fermés, certains établissements scolaires ont décidé de ne pas donner de cours. Lycéens et écoliers sont restés chez eux, alors que le Snapap, comme indiqué dans un communiqué adressé à notre rédaction, avait appelé à un arrêt de travail durant une heure, en signe de solidarité avec les familles des victimes. Vers dix heures, des centaines d'entre eux brisent le silence qui pesait lourd, scandant «Mort aux assassins», en brandissant des banderoles et affiches où on pouvait lire «Tuez les assassins», «Peine de mort pour les meurtriers» où encore «Le peuple réclame justice». En signe de prévention contre tout éventuel dérapage, les services de sécurité ont dressé un important dispositif sécuritaire. Mais ils n'interviendront pas aussitôt pour disperser la foule. Celle-ci s'est rassemblée en masse devant le Centre culturel Mohamed-Laïd Al Khalifa. Encadrée par les plus âgés, la marche n'a enregistré aucun incident jusque-là. Le mouvement de grève a été suivi à 100% même à El Khroub, Nouvelle-Ville Ali-Mendjeli, Massinissa et tous les quartiers de Constantine, comme nous l'avons constaté de visu. Vers 12h, la foule, qui ne décolère pas, s'est dirigée en force vers le Palais de justice quadrillé par les forces antiémeute. Des groupes non identifiés s'impliquent L'accès menant vers cette infrastructure sera fermé à la circulation. Et la situation a pris une autre tournure. Des bombes lacrymogènes ont été lancées en direction des manifestants qui voulaient forcer le passage au palais en réclamant à la justice toute la vérité sur le drame. La thèse de l'acte isolé ne les a pas convaincus. La police agissait avec beaucoup de sagesse et tentait de maintenir l'ordre, mais des dépassements ont été enregistrés. Un photographe qui collabore avec quelques titres de presse a été brutalisé par erreur, semble-t-il, nous confie une source bien informée. Le malentendu a pris fin au poste de police. Plusieurs policiers ont été blessés et pris en charge par les éléments de la Protection civile. L'on note aussi des arrestations, mais le chiffre n'a pas encore été établi. Quelque chose ne va plus? La manifestation pacifique s'est transformée en émeute et affrontements. Des individus non identifiés ont pris part à cette manifestation qui se voulait apolitique. Selon des sources, ils ne sont même pas de Constantine. C'est dire que les opportunistes ne désespèrent pas de voir l'Algérie rechuter. Profitant du drame terrible qui a secoué deux familles en deuil, ces manipulateurs au service de clans occultes cherchent à tout prix à détourner la situation à des fins dévastatrices. Ils trouvent du plaisir à marchander avec le malheur des autres. Une enquête a été aussitôt ordonnée pour démasquer ces agitateurs. D'ailleurs, cette manifestation n'était pas prévue, il s'agissait seulement d'une grève générale à laquelle a appelé la population en signe de solidarité avec les familles endeuillées. Qui est donc à l'origine ce mouvement de protestation? Les investigations lancées par les services compétents devraient aboutir à démasquer les instigateurs qui ont appelé aux troubles. Les soupçons sont dirigés, selon des sources sécuritaires, vers des militants islamistes. Aucun membre des familles des victimes ne soutient le désordre observé hier à Constantine. Confiantes, les deux familles souhaitent, contrairement à ce qui a été rapporté par une certaine presse, que la justice, seule autorité capable d'intervenir, fasse son travail et que les deux criminels soient jugés à la hauteur de leur acte abominable. Le projet des intrus a encore échoué, après Ouargla, Constantine a donné une leçon aux désespérés du printemps arabe. En effet, après une journée électrique, le calme a repris ses droits. Prise de conscience et mesures de sécurité La prise de conscience avérée, constatée au sein de la population, notamment parmi les autorités locales, s'est soldée par une mise en place d'une stratégie pour combattre la criminalité et la violence et la prise de décisions adéquates pour un plan de prévention. De l'avis d'une source sécuritaire, jusqu'à ce drame, la société était en hibernation totale, personne ne dénonçait ou avertissait, il a fallu que l'irréparable soit commis pour réagir. La même source souligne qu'il est important de sécuriser l'environnement, estimant que la sécurité est une affaire de tous. Il est important de s'impliquer, ont confié nos sources. C'est dire qu'en marge d'un conseil de wilaya sur l'habitat, le premier responsable de la wilaya, Noureddine Bedoui, a donné de fermes instructions en ce sens. Les directeurs de l'exécutif ont été instruits de procéder au plus vite à l'implantation des postes de police au niveau des différentes nouvelles cités, notamment à la Nouvelle-Ville Ali-Mendjeli. Dans une correspondance adressée à notre rédaction par la cellule de communication, le wali insiste sur «les mesures préventives devant renforcer la sécurité des citoyens et des biens, dans les cités, en particulier celles connues pour leur forte concentration de population». Le chef de l'exécutif insistera surtout sur la réception, dans les délais impartis, des chantiers des six sûretés urbaines et de la sûreté de daïra programmée dans le cadre de la mise à niveau de la Nouvelle-Ville Ali-Mendjeli. Il est prévu que les travaux devraient s'achever au bout du troisième trimestre. Toujours par mesure de sécurité, M. Noureddine Bedoui a interpellé l'entreprise publique communale pluridisciplinaire pour accélérer le chantier de l'éclairage public, notamment à l'entrée et à l'intérieur des unités de voisinage.