Une histoire d'amour sur fond de grève générale qui défraya à l'époque la chronique en Italie en immobilisant Fiat pendant 35 jours dans le Turin des années 1980. La première édition des Journées du cinéma italien a été inaugurée mardi soir à la Cinémathèque algérienne en présence du directeur de l'Institut culturel italien et du directeur de la Cinémathèque algérienne Lyes Semiane. C'est donc avec le long métrage Signorina Effe de la cinéaste Wilma Labate, absente pour cause de maladie, que se sont ouvertes ces journées devant peu de monde hélas. Réalisé en 2007, ce drame italien mêle avec finesse la petite à la grande histoire ou comment une histoire sentimentale va-t-elle se greffer à l'affaire de grève de l'usine de voitures, cette usine qui a défrayé à l'époque la chronique en Italie en immobilisant Fiat pendant 35 jours dans le Turin des années 1980. Le film raconte une passionnante histoire d'amour entre Sergio et Emma, née au milieu d'une grève générale des travailleurs. Une histoire d'amour finalement complexe, autant qu'ils ont été ces soubresauts de grèves et d'assemblés générales, tantôt emmenés par le syndicat des travailleurs pour arrêter le travail, tant pour réclamer la reprise. Tantôt pour se soustraire au licenciement, tantôt pour condamner le licenciement arbitraire. Des fluctuations avec des hauts et des bas comme le sont parfois les relations amoureuses, marquées de haut et de bas, de grisailles et d'embellie, de joie et de peine, de moments de crise et d'autres de bonheur. En fait, cette grève contre les licenciements massifs fut aussi longue que tumultueuse et a entraîné dans les années 1980 la défaite de Fiat mais aussi la reprise en main capitaliste dans les grands secteurs industriels. Dans ce film, la benjamine d'une famille d'émigrés, Emma, mène une vie tranquille entre ses études en mathématiques et son histoire d'amour avec un ingénieur veuf. Un jour elle croise à l'usine un ouvrier dont le hasard le mène jusqu'à chez elle. Le face-à-face est plutôt froid, un peu brusque. Lui veut la séduire, elle résiste jusqu'au jour où elle accepte de dîner avec lui.. Ses convictions vont petit à petit s'ébranler en sa présence et commencer à changer. Elle parle à son père de dignité et lui demande les raisons de toutes ces heures de veille. «Est-ce réellement cela vivre mieux?» Le père, lui, nostalgique se remémore les années 1960, ces instants heureux dans cette usine, qui aujourd'hui veut sacrifier plusieurs d'entre eux pour faire fortune. Le boom économique de cette époque est suivi en effet par une période de fortes tensions sociales qui ont eu de lourdes répercussions sur l'activité de l'entreprise. Entre grève, raffermissement du pouvoir ouvrier communiste de l'époque et la crise économique d'aujourd'hui, Fiat continue jusqu'à maintenant à connaître des moments de graves tensions. D'ailleurs les grèves dans cette usine d'automobile sont légion et récurrentes. Dans ce film qui mêle la fiction aux images d'archive, la narration se veut poignante bien que perturbée parfois par des moments de flottements et de lourdeurs dans les dialogues. En réalité, c'est l'histoire de trois employés de la Fiat qui va se tisser et s'entrecroiser devant nos yeux, dévoilant ainsi un fait majeur de l'histoire de l'Italie de ces années de luttes sociales et politiques. Outre Emma coincée contre la raison (épouser l'ingénieur et grimper dans l'échelle sociale) et Sergio qui l'a «détruite» car la tirant vers le bas comme d'aucuns l'accusent, il y a la soeur de Emma qui fréquente aussi le copain de Sergio. Un garçon plus jeune qu'elle. Derrière ces histoire d'amour frivoles pas tout à fait de tout repos, se dessine ainsi la géographie des valeurs sociales qui prime dans l'Italie contemporaine ou de celle qui va advenir. Une Italie déjà fragilisée par un passé terni par la violence. Une Italie où l'on sent poindre une forte détermination de la classe ouvrière à se battre. Organisées en partenariat avec l'ambassade d'Italie en Algérie et l'Institut culturel italien, ces journées vont se poursuivre dans les cinémathèques d'Oran, Tizi Ouzou, Bejaïa et Tlemcen. A Alger vous avez encore le loisir jusqu'au 23 mars pour vous délecter de cinéma italien. C'est à la Cinémathèque algérienne sise, 26 rue Larbi Ben M'hidi Alger.