«Il faut mettre en place un dispositif de sécurité dissuasif», a prôné le représentant de l'entreprise Awa implantée dans la commune de Mers El Hadjadj. L'intervention laconique du représentant de l'activité Aval est un rappel à l'ordre du directeur de l'Agence nationale de l'emploi et de la main-d'oeuvre de la wilaya d'Oran. Celui-ci n'a rien trouvé de mieux à discourir pour dissimuler l'échec de la politique de l'emploi mise en oeuvre dans les localités d'Arzew et de Bethioua que d'imputer la responsabilité du recrutement à l'activité Aval, filiale appartenant à Sonatrach. «Le recrutement des chômeurs de Bethioua et d'Arzew est tributaire de l'activité Aval», a-t-il affirmé jeudi au cours de la rencontre dont les débats étaient consacrés autour de l'emploi sérieusement problématique posé ces dernières semaines par les sans-emploi des deux localités de l'est d'Oran. La finalité recherchée est de passer, dans l'urgence, à l'embauche de ces jeunes, question d'absorber leur colère. Le représentant de l'activité Aval a, dans sa réplique lapidaire, indiqué que «tout recrutement au profit des filiales implantées dans les deux communes passe par le biais de l'Agence nationale de l'emploi et de la main-d'oeuvre, l'Anem». De telles déclarations sont plus que révélatrices de l'inexistence totale de la coordination entre les entreprises d'envergure comme Sonatrach et celle en charge de l'emploi comme l'Anem. La réunion de jeudi, provoquée par la wilaya d'Oran pour débattre de la problématique de l'emploi dans les daïras d'Arzew et de Bethioua, a été sanctionnée par un échec cuisant. Aucun des présents représentant les grandes entreprises nationales n'a jugé utile quant à s'engager à prendre en charge les revendications posées, ces derniers jours, par les chômeurs d'Arzew et Bethioua, hormis la promesse faite quant à débattre ultérieurement de la question au sein des directions de leurs entreprises. Le représentant de l'activité Aval s'est tout de même engagé à prendre des mesures vis-à-vis des jeunes des deux localités en les embauchant, tout en leur faisant signer, à partir du mois de mai, des contrats de durée déterminée, dans le cadre des opérations de désherbage des pourtours des différentes filiales de production établies dans la zone pétrochimique d'Arzew et celle de Bethioua. Cela survient au moment où les demandeurs d'emploi continuent à revendiquer leur droit au travail tout en observant quotidiennement des sit-in de protestation devant la zone pétrochimique d'Arzew et de Bethioua. Le représentant de l'entreprise Awa est allé loin jusqu'à demander à la wilaya d'Oran de mobiliser les services de sécurité autour de l'usine expliquant que «les conséquences des manifestations deviennent de plus en plus importantes». «Il faut mettre en place un dispositif de sécurité dissuasif», a-t-il recommandé. L'entreprise, qui est le fruit du partenariat entre l'Algérie et le Sultanat d'Oman, emploie quelque 400 personnes étrangères. Elle est implantée dans la commune de Mers El Hadjadj, située à une cinquantaine de kilomètres à l'entrée est d'Oran. Elle est spécialisée dans la fabrication de l'ammoniac et des urées. Mers El Hadjadj vit, depuis plus de deux semaines, au rythme des mouvements de protestation organisés par les sans-emploi. Des rumeurs qui ont fait le tour, mercredi dernier, faisaient état de la prise d'otage des étrangers employés de l'usine par des manifestants. «C'est faux, il n'y a jamais eu une quelconque prise d'otages», a démenti catégoriquement et publiquement le chef de daïra de Bethioua. La wilaya d'Oran ainsi que les responsables de l'emploi ont en commun, recommandé d'user de tous les moyens et voies susceptibles d'absorber immédiatement l'effervescence des habitants des deux villes pétrochimiques d'Oran, Arzew et Bethioua. Sur un autre registre, la wilaya d'Oran semble vouloir passer à la vitesse de croisière dans son investissement industriel. Dans une autre rencontre, ayant regroupé jeudi le wali et les opérateurs économiques, les débats, étaient houleux, notamment du côté de la wilaya d'Oran qui a proféré la menace du retrait des terrains octroyés aux investisseurs n'ayant pas encore lancé leurs chantiers. Au total, 39 actes ont été accordés aux investisseurs en manque de foncier.