«L'actualité, c'est ce qui, ce matin, semble être quelque chose et, ce soir, ne sera plus rien.» Jean Mistler Il est difficile de se renouveler alors que l'actualité si riche en rebondissements (en France, pour la deuxième fois, un ancien président de la République est mis en examen!) interpelle les galériens de la plume et les invite à une revue de la presse plus rigoureuse. Dans la difficile tâche d'allonger chaque jour un billet qui puisse faire réfléchir un peu le lecteur, le faire sourire ou l'exaspérer, il est une chose compliquée, celle de se renouveler. Que trouver pour contenter d'abord le lecteur qui vient de dépenser l'équivalent de 100 gr de patates ou de 25 cl de lait? Il faut ensuite satisfaire le rédacteur en chef qui a des comptes à rendre à qui de droit. Et tout cela sans ennuyer le personnel de saisie et les correcteurs (trices).... Se renouveler. Ah! la bonne affaire: comment trouver un thème original dans la routine quotidienne. Allez donc faire écarquiller les yeux de l'Algérien moyen blasé par les scandales financiers qui se succèdent actuellement à un rythme tel qu'on commence à confondre telle banque avec telle autre, tel escroc avec tel ex-fonctionnaire, enfin... Reprendre encore une fois la question de l'absence des syndicats dans le débat qui agite la société sur le soutien des prix aux denrées de première nécessité, ne ferait que le jeu de certains. Ce n'est pas mon genre de tirer sur les ambulances et encore moins sur les corbillards. Il n'y a qu'à voir la folle course des prix des divers produits alimentaires et la lenteur des timides augmentations d'une majorité alors que celles qui concernent une catégorie de privilégiés sont prises en catimini. Tout cela dans la cacophonie générale où le bruit des chômeurs rivalise avec les échos d'affaires de corruption: il n'y a pas à dire, les dés sont pipés et les carottes sont cuites pour les pauvres salariés qui ont le choix douloureux entre un salaire symbolique, la pratique du système D qui consiste à faire douze métiers pour affronter ses treize misères, le douloureux chômage du «nif ou lekhsara» ou alors l'aventure dans l'exil à bord d'une embarcation de fortune pour «un pays où l'on n'arrive jamais». Allez donc essayer d'intéresser quelqu'un sur les prochaines élections, sur les chances de tel ou tel parti, sur les quotas qui seront distribués et la manière avec laquelle ils seront distribués. Comment disserter sur le paysage brumeux de listes de candidats dont on ne connaît point le curriculum vitae, sur les perspectives de fraude, sur la vigilance de la commission qui aura la difficile tâche de superviser tout cela. On risque de se heurter aux courants d'air qui balaieront les bulletins...Alors, parler de la politique industrielle? Laquelle? Disserter sur la régularité revenue de l'eau courante grâce aux stations de dessalement ou sur l'état catastrophique des routes? Déplorer l'absence de débat politique sur l'écologie alors que Rahmani déploie une intense activité pour faire entendre sa voix? Parler des exploits de Amar Ghoul et de ses travaux d'Hercule ou des scandales se rapportant à l'autoroute Est-Ouest? Se lamenter sur le naufrage de la Cnan et le déclin de la raffinerie de Skikda ou se brancher sur le scandale à tiroirs de la Sonatrach? Déplorer les multiples tragédies qui ont marqué le Sud ou les faits divers sanglants qui endeuillent l'actualité? Dénoncer le cynisme de la Maison-Blanche qui tacitement approuve la colonisation sauvage de la Palestine et le carnage organisé en Syrie par la coalition occidentale? S'affliger une fois de plus sur les souffrances des peuples palestinien et sahraoui? Vitupérer la couardise des pays européens, la perfidie britannique ou la servilité des régimes arabes? Non. Demain je vous parlerai d'autre chose si le temps le permet.