Il y a longtemps qu'on n'avait pas vu une équipe nationale aussi combative. Sousse-stade olympique- Soirée fraîche- 20.000 spectateurs environ- Pelouse en bon état- Très bon éclairage- Arbitrage de M.Hammer (Luxembourg) assisté de MM. Izzo (France) et Tiejun (Chine). Exclusion de Mamouni (Algérie) à la 57' pour deux avertissements. Avertissements: Hamid Tamer et Ahmed Billal (Egypte) Yahia (Algérie). Les équipes: Algérie : Gaouaoui, Kraouche, Mamouni, Zafour, Aribi, Yahia, Mansouri, Belmadi (Achiou 59'), Boutabout (Haddou 63'), Cherad, Ziani (Hadjadj 81'). Entraîneur: Rabah Sâadane. Egypte: Nader Essayed, Essaka (Khashba 77'), Ahmed Ibrahim, Hamid Tamer, Mido, Ahmed Billal, Saïd Tarek (Hazem Imam 83'), Tarek Essayed, Bachir Etabeï, Ahmed Hassan, Hany Saïd. Entraîneur: Mohsen Salah. La ville de Sousse n'a, peut- être, jamais vu cela. Même les succès en coupe d'Afrique de l'ES Sahel, le club local n'ont pas provoqué une telle ferveur populaire. Jeudi, la cité balnéaire a vécu une soirée de folie inhérente à la victoire de l'équipe d'Algérie de football face à celle d'Egypte, lors de son second match de cette 24e édition de la coupe d'Afrique des nations. Une victoire venue de très loin, tellement elle a été le fruit d'un extraordinaire concours de circonstances qui a largement profité à l'équipe d'Algérie. Celle-ci n'a pas à en rougir car le football est aussi un sport où les surprises peuvent survenir et, où la chance a, souvent, son mot à dire. Les Verts, en tenant en échec les Camerounais, super favoris de la compétition lors de leur entrée, avaient mis la pression sur leur public qui a, une nouvelle fois pris d'assaut le petit stade de Sousse. Pour ces spectateurs il paraissait impossible que leurs joueurs ratent ce nouveau rendez-vous après avoir donné tant d'espoir face aux champions d'Afrique en titre. Erreur que tout cela, parce que de tels calculs supposaient que l'adversaire égyptien était abordable. Or, il n'en était rien. On avait seulement oublié que l'équipe des «Pharaons» faisait partie, elle aussi, des favoris de cette CAN et que, par rapport à celle d'Algérie, elle avait subi une préparation de loin plus performante, avec près de 20 matches amicaux contre un seul pour les Algériens. Pour ce second rendez-vous de la CAN, le coach national Rabah Sâadane, a opté pour la reconduction du groupe qui avait tenu en échec les Camerounais, mais avec Zafour comme titulaire à la place de Beloufa, blessé. Porté par un public en folie, les Verts ont abordé ce match dans de bonnes dispositions qui leur permirent de bloquer les Egyptiens puis de les surprendre sur des contres extrêmement rapides dont celui de la 13' devait être payant. En effet, sur un coup franc joué avec Ziani, Belmadi récupéra le ballon et adressa un centre sur lequel l'Algérie obtint un corner. Ce fut Belmadi qui se chargea de tirer celui-ci et envoya un ballon très haut qui parvint à Mamouni dont la reprise de la tête eut raison de la vigilance du gardien égyptien. Cette très bonne entame de match aurait dû encourager les Verts à maintenir la pression sur leurs adversaires d'autant qu'ils bénéficiaient du soutien d'un public déchaîné. Or, paradoxalement, ils opérèrent un inexplicable repli stratégique qui profita à une formation égyptienne qui avait eu du mal à trouver ses repères jusqu'ici. Ce fut, alors, le début d'un très long calvaire pour le camp des Algériens, concrétisé par une domination incessante des Egyptiens. Les occasions de but en faveur de ces derniers défilèrent à une allure vertigineuse et, si certaines ne purent aller au bout, ce le fut sur des coups d'une incroyable maladresse doublée de malchance. On citera celle de la 20' qui vit Gaouaoui intervenir dans les pieds de Ahmed Billal, celle de la 21' où Ahmed Hassan tira au-dessus alors qu'il s'était retrouvé dans une excellente position de scorer. Cela préparait les Algériens à la désillusion; elle vint à la 25' sur une balle perdue en milieu de terrain par Ziani exploitée par Ahmed Hassan dont l'ouverture trouva un Ahmed Billal isolé sur le côté gauche. Après avoir amorti le ballon, ce dernier put battre Gaouaoui et rétablir l'équilibre au score. Et le camp algérien n'en avait pas fini avec le stress! Car à la 28', sur un centre venant de la gauche, Gaouaoui sortit mal et laissa Mido reprendre le ballon et l'envoyer sur la base du montant droit des buts algériens. Cinq minutes plus tard, le même Mido toujours aussi menaçant, fut contré in extremis du pied par Gaouaoui. Mais le plus incroyable survint à la 43', avec un monumental ratage de Tarek Essayed, absolument seul face à Gaouaoui et qui trouva le moyen de tirer sur le côté. Après le repos, le scénario ne varia pas avec une domination quasi constante des Egyptiens mais avec cependant moins d'occasions de buts, une situation due à l'héroïsme d'une défense algérienne qui remballait toutes les balles. Il est vrai que plus les minutes passaient et plus les «Pharaons» perdaient de leur lucidité, leur sérénité persistait et le camp des Algériens passa de pénibles moments d'autant plus que les Verts n'arrivaient pas à conserver le ballon et qu'en attaque, il n'y avait plus que le seul Cherad. Ajouter à cela le fait qu'à partir de la 57' l'équipe d'Algérie s'est retrouvée avec dix éléments sur le terrain, suite à l'exclusion pour deux cartons jaunes, de Mamouni. Tout concourant pour mener l'équipe égyptienne vers la victoire. Mais on avait oublié que les coups de théâtre font partie du football et celui de Achiou, qui était entré à la place de Belmadi, restera comme l'un des exploits de cette CAN. On jouait la 86' et le danger était encore dans le périmètre des Verts. A ce moment les Egyptiens perdirent le ballon sur leur aile gauche, ce qui profita à Aribi qui lança aussitôt Achiou. Celui-ci, s'en alla effectuer un très long raid qui le mena vers le but adverse. Arrivé à l'entrée des 18 mètres, il eut la force de se débarrasser d'un adversaire avant de venir battre le gardien égyptien de près. Inutile de vous dire l'extraordinaire ovation qui a accompagné ce but. Le stade de Sousse versa, alors, dans le délire et le public se mit à fêter une victoire qui pour lui était inéluctable. De fait, en dépit des cinq minutes de temps additionnel accordées par l'arbitre luxembourgeois, le score en resta là, consacrant le succès des Verts qui peuvent déjà se dire qu'ils ont réussi leur coupe d'Afrique.