Vingt-cinq personnes ont été tuées et 60 blessées hier dans un attentat perpétré en plein meeting électoral au nord de Baghdad, à deux semaines jour pour jour d'un scrutin provincial dont la campagne est marquée par un regain de violences. Dans ce contexte particulier de campagne électorale, l'attaque, perpétrée à Baaqouba (60 km au nord de Baghdad), repose avec acuité la question de la capacité des forces de sécurité irakiennes à assurer la sécurité dans le pays, dix ans après son invasion et la chute soudaine du régime de Saddam Hussein. L'attentat visait un meeting de campagne en plein air de Mouthanna Ahmed Abdelwahid à l'heure du déjeuner. Une grenade a d'abord été lancée dans la foule, composée de l'équipe de campagne du candidat. Un kamikaze a ensuite fait exploser la charge qu'il portait sur lui. Le candidat est sain et sauf, mais 25 personnes ont péri et 60 autres ont été blessées, d'après un officier de police et une source médicale à l'hôpital de Baaqouba. La province de Diyala, dont Baaqouba est le chef-lieu, est l'une des plus violentes d'Irak. Selon l'ONG Iraq Body Count, basée en Grande-Bretagne, 560 personnes y ont péri dans des attaques, l'an dernier. Rapporté à sa population, le taux d'homicide volontaire y est de 38,8 pour 100.000 habitants, ce qui en fait le ratio le plus élevé dans le pays. Diyala, mais aussi les villes et les environs de Baghdad, Kirkouk et Mossoul, au nord du pays, continuent chaque jour à être endeuillés par les attentats, commis pour la plupart par les insurgés sunnites, dont Al Qaîda en Irak. L'attentat de Baaqouba n'a pas été revendiqué, mais les militants du réseau extrémiste sont coutumiers d'attaques contre les forces de sécurité, les chiites et les responsables politiques. M. Abdelwahid, qui porte les couleurs du petit parti local Azeimoun Ala al-Bina (Déterminés à construire), faisait campagne pour les élections provinciales du 20 avril prochain, organisées dans douze des 18 provinces irakiennes. La campagne se déroule dans un climat des plus tendus. Douze candidats ont été assassinés depuis le début de l'année, et le mois dernier, 271 personnes ont été tuées dans des violences, faisant de mars le mois le plus meurtrier depuis août 2012. Face à l'instabilité et l'insécurité qui y règnent, le Premier ministre Nouri al-Maliki a décidé de repousser le scrutin sine die à Anbar (ouest) et Ninive (nord), deux provinces dans lesquelles les sunnites battent le pavé depuis trois mois pour réclamer la fin de la «marginalisation» dont ils s'estiment victimes.