à quatre jours d'un scrutin législatif crucial pour l'avenir de l'Irak, la pression monte d'un cran. Au moins 33 personnes ont été tuées et 55 blessées dans un triple attentat suicide hier à Baqouba, au nord de Baghdad. Une voiture kamikaze a explosé au niveau d'un bâtiment abritant une administration dépendant du ministère du Logement, située à proximité d'un poste de police. Un second véhicule a, au même moment, explosé à une centaine de mètres de là, près d'une place. Un troisième kamikaze a fait détoner sa ceinture d'explosifs à l'hôpital général de Baqouba dans le centre-ville. Le kamikaze, se faisant passer pour un blessé, s'est introduit dans le service des urgences de l'établissement et s'est fait exploser au moment où le chef de la police de la province rendait visite à des blessés. Baqouba, ville située à 60 km au nord de la capitale, est au cœur du triangle sunnite. Ce triple attentat, le plus sanglant depuis le 5 février dernier, survient alors que le pays s'apprête à vivre des élections législatives décisives. Le scrutin est prévu pour dimanche prochain. Il s'agit des deuxièmes législatives depuis l'invasion de l'Irak et la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003. Pour ce scrutin, qui intervient quelques mois avant le retrait prévu des troupes américaines, près de 19 millions d'Irakiens sont appelés aux urnes pour choisir, parmi 6 100 candidats, les 325 députés qui siègeront au Parlement pour les quatre prochaines années. La situation sécuritaire en Irak demeure très difficile. Le 5 février dernier, un attentat avait fait 41 morts et 144 blessés à Kerbala où un obus est tombé sur la foule. Les législatives irakiennes s'annoncent des plus problématiques. L'insurrection sunnite est encore active à Baqouba, capitale de la province de Diyala qui compte des communautés sunnite, chiite et kurde. C'est dans cette ville qu'un certain Abou Moussab Zarkaoui a été tué au cours d'un raid aérien le 7 juin 2006. Les autorités irakiennes ont averti qu'il y a volonté de «faire dérailler le processus politique». Et pour y parer, le gouvernement irakien a appelé tous les citoyens du pays à une «participation massive» aux élections législatives de tous les dangers. Des anciens du parti Baath sont soupçonnés de vouloir revenir dans les institutions du nouvel Irak. Le porte-parole du gouvernement a souligné que «tous les Irakiens doivent garantir un avenir meilleur au pays en soutenant les efforts de la Commission électorale indépendante dans l'organisation d'élections crédibles et transparentes». Baghdad a averti contre toute tentative de fraude susceptible de «perturber» le difficile processus électoral de l'Irak post-Saddam. La campagne électorale, qui a débuté la semaine dernière à travers l'ensemble du pays doit s'achever le 6 mars pour laisser la place au scrutin. Les législatives en Irak font l'objet d'une lutte sourde entre les différentes communautés irakiennes. M. B.