Décidément, le bras de fer persiste entre les employés de Ferrovial et la direction de l'entreprise. Quelque 400 travailleurs de l'entreprise Ferrovial ont parcouru 20 kilomètres pour observer un sit-in devant le siège de la wilaya de Annaba, où ils ont demandé l'intervention du premier responsable de la wilaya, Mohamed El Ghazi, pour dénouer le conflit qui dure depuis plus de quatre mois. La situation prévalant au sein de l'entreprise semble aller vers le pourrissement, selon les propos des travailleurs. Ces derniers ont pointé un doigt accusateur en direction du président-directeur général, le qualifiant de premier commanditaire des perturbations au sein de leur unité. A l'origine de ces accusations, l'absence de dialogue entre lui et les grévistes, mais surtout son voyage en France, laissant derrière lui un conflit qui perdure depuis des mois. Les grévistes revendiquent la révision de la grille des salaires et l'augmentation des primes (PRI et PRC), la permanisation des contractuels et la prime de risque. D'autres révélations ont été faites, notamment celles relatives à l'endettement de l'entreprise. «L'Etat a épongé en 2011 plus de 40 milliards de centimes de dettes et au bout de deux ans, l'entreprise se retrouve avec des dizaines de milliards de dettes», dira un employé de l'administration. Ce n'est pas le travail qui manque, c'est plutôt le manque d'initiative du P-DG, a rétorqué un autre travailleur. «Vous trouvez du travail, travaillez, sinon restez dans vos bureaux et vous êtes payés», nous a-t-il toujours dit, témoignent les grévistes qui ont ajouté: «Nous avons eu l'occasion d'avoir des marchés, notamment avec les Saoudiens, mais le P-DG et un agent de sécurité font la loi avec les syndicalistes, qui en poste depuis 16 ans, ne veulent pas céder la place...» Sur ce dernier point, les travailleurs, ont mis en relief les raisons du maintien d'une section syndicale qui ne joue pas son rôle. «Ils nous interdisent de parler des oeuvres sociales, puisque nous savons tous qu'il y a anguille sous roche, sinon comment expliquer le retard dans l'élection de la section syndicale, voire même le refus de son renouvellement par les dirigeants de l'union locale d'El Bouni, affiliée à l'Ugta et la direction de l'entreprise», se sont demandé nos interlocuteurs. Bien que la guerre n'est pas perdue, mais tout de même une bataille a été gagnée et le bureau syndical a été dissous à la force des bras. Ainsi, et en l'absence d'échos favorables aux doléances transmises respectivement à la direction générale de Ferrovial et aux responsables, de l'Union de wilaya et de l'Union locale d'El Bouni, les employés ont été contraints de s'orienter vers l'instance locale de l'Ugta, qui devra trancher. Dans une tentative de vérifier la véracité des propos tenus par l'ensemble des grévistes, nous avons pris attache avec l'administration de l'entreprise, en vain. L'entreprise Ferrovial, héritière de l'ex-Metal, employait 1500 travailleurs avant de procéder à des compressions. Aujourd'hui, elle en compte 400, entre ouvriers et cadres.