Le quotidien français Le Monde a annoncé hier qu'il rejetait «toute demande, qu'elle soit judiciaire ou gouvernementale, de transmission de données» des documents OffshoreLeaks, comme l'avait demandé le ministre du Budget Bernard Cazeneuve. «Protection des sources, protection de la mission d'information, sobre et rigoureuse, qui est la nôtre: pour ces deux raisons, Le Monde rejette fermement - comme l'ont fait les autres médias travaillant sur «OffshoreLeaks» - toute demande, qu'elle soit judiciaire ou gouvernementale, de transmission de données», écrit le journal dans son édition en ligne. Mardi devant l'Assemblée nationale, le ministre avait «demandé à la presse qui dit détenir des éléments et des fichiers de bien vouloir les communiquer à la justice de manière à ce que celle-ci puisse faire son travail», en référence aux comptes offshore révélés par un consortium de journalisme d'investigation dans le monde (ICIJ). «Le propos n'a été ni nuancé ni corrigé par d'autres autorités de l'Etat. On peut donc en déduire qu'il exprime la position du gouvernement: le problème, c'est «la presse». Ou plus exactement Le Monde, seul journal français à avoir eu accès à la masse de 2,5 millions de documents dits «OffshoreLeaks» qui ont été recueillis par un consortium international de journalistes d'investigation», écrit le journal du soir. «La presse, donc, deviendrait suspecte d'entrave à la justice si elle ne coopère pas? Cette approche est pour le moins surprenante», selon Le Monde. «A chacun son rôle. A la justice d'établir les responsabilités là où la loi a pu être enfreinte. Aux gouvernants et législateurs de prendre des mesures pour prévenir les abus. A la presse d'éclairer le citoyen, avec bonne mesure», dit encore le journal qui conclut qu'accéder à une telle demande «serait attentatoire à la liberté même d'exercer notre métier, en démocratie». Basé à Washington, l'ICIJ a eu accès à une fuite majeure en provenance de deux sociétés offrant des services «offshore»: l'une basée à Singapour, l'autre dans les Iles vierges britanniques. Ces données ont fait apparaître la cartographie et le fonctionnement de milliers de sociétés basées dans des paradis fiscaux.