L'attentat de Boston mercredi n'en finit pas de faire courir analystes et autres «experts» de l'Islam, des Mondes arabe et musulman et plus généralement de (des) l'«islamisme (s)». Le pluriel s'impose pour des raisons que nous verrons plus loin. Al Qaîda a-t-elle encore frappé aux Etats-Unis? On en doute fortement! Il est patent cependant que le germe semé par son extrémisme a fait des petits. Deux Américains d'origine tchétchène, ou pour faire court, de confession «musulmane», seraient les auteurs de l'attentat contre le marathon de Boston. Ce qu'il faut relever est que les actes de violence commis ici et là dans le monde - de quelque nature qu'ils soient - ont inévitablement une connotation musulmane. L'enquête fera savoir si les suspects, les frères Tsarnaev, sont effectivement les auteurs du délit cité en référence. Toutefois, c'est surtout la propension de l'Occident (Américains et Européens) à montrer du doigt l'Islam et les musulmans et de les désigner à la vindicte populaire - avant même d'avoir eu les éléments qui permett(rai)ent de telles affirmations - qui fait problème et cause des torts à la religion d'un milliard et demi de croyants. Appliquant à la lettre un «western» caricatural, lesdits «experts» dégainent d'abord, posent des questions ensuite, alimentant la confusion par des amalgames et une méconnaissance indigne du monde musulman et de sa religion, inventant le «bon» islamiste (que l'Occident aide à combattre le gouvernement syrien) et le «mauvais» islamiste (que ce même Occident combat au Mali). En fait, un partage artificiel de la notion d'islamisme entre «modérés» et «radicaux», qui n'a de sens que pour ceux qui veulent lui en donner une pour asseoir leurs «expertises». Ce sont en fait, ces mêmes «expertises» - reprises par des Etats occidentaux - qui catégorisent les musulmans en «modérés» et en «radicaux». Il y a surtout des «islamistes» en service commandé. Ceux-ci instrumentalisent sciemment la religion à des fins politiques tracées ailleurs. En fait, l'«islamisme», en tant que doctrine politique, est avant tout une création de l'Occident. Des Etats-Unis en particulier qui lui mirent le pied à l'étrier dans le sillage de la première guerre d'Afghanistan dans les années 1980 contre les troupes soviétiques. De fait, historiquement, la responsabilité des Etats-Unis et de l'Arabie Saoudite dans l'expansion du terrorisme islamiste est avérée. C'est en effet Washington - pour des raisons stratégiques évidentes - et Riyadh - dans la perspective de «ré-islamiser» un pays menacé par le communisme et, d'autre part, par la mise en oeuvre d'un prosélytisme de grande envergure dans l'optique de consolider son emprise sur le monde musulman, grâce à ses pétrodollars, et aussi, sa vision rétrograde de l'islam, (le wahhabisme) - qui sont impliqués dans l'émergence et le renforcement du terrorisme islamique. Ainsi, les moudjahidine afghans ont été entraînés et formés par la CIA, financés par l'Arabie Saoudite, laquelle, en outre, recruta de jeunes Arabes envoyés combattre en Afghanistan. Des musulmans occidentaux ont ensuite été envoyés combattre sur les champs de bataille pour un improbable «jihad». L'attaque contre In Amenas (au moins quatre Canadiens y ont été dénombrés) le démontre amplement. Ces jeunes formés au terrorisme firent beaucoup de mal - à leur retour - à leur pays d'origine d'abord - en particulier à l'Algérie dans les années 1990 - à leurs pays d'adoption occidentaux après. C'est cet islamisme - qui terrorisa les populations - qui a essaimé dans les pays occidentaux où ses représentants les plus sanguinaires y trouvèrent des sanctuaires, notamment en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Pour asseoir leur hégémonie sur le monde, les Etats-Unis ont même inventé «Al Qaîda» qui n'a jamais, curieusement, frappé les pays occidentaux, mais aura tué des milliers de musulmans à travers le monde, notamment dans les pays arabes. Le résultat est là: les jeunes frères américains, Tamerlan et Djokhar Tsarnaev, auxquels rien se semblait manquer, se seraient ainsi tournés vers le terrorisme. Pourquoi? Au pouvoir américain - qui durant des années a tiré sur la corde islamiste - de faire son introspection et d'y répondre. Boston? Une des nombreuses retombées des manipulations de l'Islam par l'Arabie Saoudite, les Etats-Unis et, désormais, le Qatar, «inventeur» du sanglant «Printemps» arabe. Qui a ouvert la boîte de Pandore? La question semble superflue.