Boston était, hier, en état de siège avec une chasse à l'homme sans précédent pour essayer de rattraper un des deux suspects des attentats du Marathon qui a fait 3 morts et plus de 170 blessés. L'identité des auteurs de l'attentat, deux frères tchétchènes en situation régulière aux Etats-Unis, a été révélée. L'un d'eux avait été tué durant la nuit après plusieurs heures de traque par la police. Les autorités américaines ont déployé de grands moyens et n'ont pas hésité à intimer l'ordre à la population de Boston et de sa banlieue à demeurer cloitrée chez elle. Comme dans un état de guerre, les transports communs ont été stoppés, les écoles fermées et le survol de la ville et de ses environs interdits. Les efforts se concentraient sur la banlieue ouest de Boston, à Watertown où d'importantes forces de police ont pris position dans les rues et sur les toits. La diffusion par le FBI des photos des deux suspects a de toute évidence entrainé une accélération fulgurante de l'enquête. Les deux auteurs présumés de l'attentat ont été identifiés. Le plus âgé, 26 ans, répondant au nom de Tamerlan Tsarnaev, ayant été tué dans un échange de coups de feu, la traque s'est concentré sur le plus jeune, 19 ans, Djokhar Tsarnaev. La crainte exprimée par de nombreux musulmans que les auteurs de l'attentat ne soient des coreligionnaires a été ainsi confirmée. Les deux jeunes tchétchènes sont bien musulmans et ils vivaient depuis des années en toute légalité dans la banlieue de Boston. DES «SOLITAIRES»? Cette vie paisible laisse croire que les deux jeunes frères agissaient en «solitaires» et non en tant que membre d'une organisation. Mais ce n'est qu'une supposition, les autorités américaines très concentrées sur la traque de Djokhar Tsarnaev ne donnent pas d'indications. Le chef de la police de Boston, Ed Davis a indiqué qu'il était considéré comme «très dangereux». «Nous pensons que c'est un terroriste. Nous pensons que c'est un homme qui est venu ici pour tuer des gens». Avec l'accélération des évènements dans la nuit, le gouverneur de l'Etat de Massachussetts a donné des directives strictes aux habitants de Boston et de sa périphérie. «Restez chez vous, et n'ouvrez la porte à personne d'autre qu'à un policier proprement identifié». Les auteurs de l'attentat meurtrier contre le marathon de Boston semblent, à priori, être des «amateurs» puisqu'ils ne paraissent pas avoir préparé leur fuite. Ils ont attiré l'attention des services de sécurité sur eux en braquant une supérette. Cela s'est passé sur le campus du célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT) à l'ouest de Boston. Ils ont donné ainsi le signal de la traque par les services de sécurité qui auront, apparemment, établi rapidement le lien entre eux et les deux personnes, l'un à «casquette blanche» et l'autre à «casquette noire» dont les portraits avaient été diffusés. Ils ont tué un policier dans sa voiture et pris en otage un conducteur qui a été libéré une demi-heure plus tard. Les deux tchétchènes foncent à pleine vitesse vers Watertown, située encore plus à l'ouest de Boston, ils blessent grièvement un policier. Selon les récits, l'aîné, l'homme à la « casquette noire», ancien étudiant, ingénieur et boxeur, portait des explosifs sur lui. On ne connait pas encore les circonstances de sa mort, certains affirment qu'il aurait été écrasé par la voiture que son frère «l'homme à la casquette blanche», conduisait. 9000 hommes sont mobilisés dans la localité de Watertown pour traquer le survivant. DES MOTIVATIONS ENCORE MYSTERIEUSES Les motivations des deux hommes demeurent mystérieuses même si les médias américains privilégient désormais ouvertement l'explication «islamiste». Pourtant les deux jeunes semblent parfaitement intégrés dans la vie américaine. Un de leurs oncles, établi aux Etats-Unis, Alvi Tsarni, a indiqué que Tamerlan l'a appelé et lui a demandé de lui pardonner. «Nous ne nous parlions plus», a confié l'oncle, qui était sans nouvelles des deux frères depuis 2009. «Je suis désolé s'il a fait ça. C'est fou, je ne peux pas y croire», a confié M. Tsarni, visiblement ému. Pour un autre, ce sont des «losers» qui «ne méritent pas de vivre sur cette terre.» Leur père, Anzor Tsarnaev, résidant désormais dans la ville de Makhachkala, capitale du Daguestan (sud de la Russie, près de la Géorgie et de l'Azerbaïdjan), refuse d'y croire et se dit «certain» de l'innocence de ses fils. Il a appelé le plus jeune qui était encore traqué à »se rendre pacifiquement». «Abandonne. Abandonne. Tu as un futur brillant qui t'attend. Reviens à la maison en Russie», a-t-il lancé en prévenant les autorités américaines qui «si elles le tuent, ce sera l'enfer sur terre». KADYROV : LES RACINES DU MAL SONT AUX ETATS-UNIS Le président tchétchène, Ramzan Kadyrov, a écrit sur son compte Instagram que «toute tentative d'établir un lien ou une relation entre la Tchétchénie et les [frères] Tsarnaev, s'ils sont bien coupables, serait vaine. Ils ont grandi aux Etats-Unis, leurs caractères et leurs croyances se sont forgées là-bas. Il faut chercher les racines du mal aux Etats-Unis». Le monde entier doit combattre le terrorisme. Nous le savons mieux que quiconque. Nous souhaitons un prompt rétablissement à toutes les victimes, et partageons le chagrin des Américains». Les autorités américaines, elles, restent très circonspectes et ne s'expriment pas laissant le soin aux services de sécurité de communiquer. La puissante déflagration survenue dans la nuit du 17 au 18 avril dans l'usine West Fertilizer, dans le Texas, n'est pas liée à l'attentat de Boston. Le bilan du sinistre est de 14 personnes tuées, les médias avaient fait état de 50 à 60 morts.