Boston est sorti de l'état de siège après l'arrestation de Djokhar Tsarnaev alors que les questions, sans réponses, déferlent. La grande chasse à l'homme a pris fin, vendredi soir, à Boston. Djokhar Tsarnaev, a été arrêté, le soir, par la police américaine, suspecté d'avoir, avec son frère Tamerlan, la nuit précédente, perpétré les attentats du marathon de Boston qui ont fait 3 morts et près de 180 blessés. Il était caché dans un bateau entreposé dans un jardin à Watertown, dans la banlieue ouest de la ville. C'est le propriétaire qui observant des traces de sang autour du bateau a vu qu'il s'y était réfugié et a alerté la police. Le jeune tchétchène qui avait obtenu la nationalité américaine, a échangé des coups de feu avec la police, au moment de son arrestation. Il a été «grièvement blessé» et hospitalisé. Les autorités américaines espèrent qu'il survivra afin d'essayer de comprendre les raisons d'une action sanglante dont les motivations restent, encore, inconnues même si les spéculations sont désormais très orientées par le fait qu'ils soient des Tchétchènes et des musulmans. Pourquoi ont-ils fait cela ? C'est la plus grande des questions après l'élimination de la menace que les deux hommes représentaient. L'annonce de la capture du jeune Djokhar Tsarnaev (19 ans) a suscité le soulagement et des manifestations de patriotisme à Boston où la population a été, pratiquement, soumise à un état de siège. A Boston, c'est un dispositif de riposte draconien qui a été mis en place, avec une population confinée chez elle et le déploiement de 9.000 policiers pour organiser la traque des deux suspects. UN DISPOSITIF DE GUERRE C'est quasiment un dispositif de guerre où la population a été sollicitée à donner d'éventuelles informations après la diffusion des portraits des deux hommes par le FBI. Le dispositif a fonctionné, les deux suspectés étaient aux abois et surtout c'est ce qui rend l'hypothèse d'une affiliation à une organisation structurée faible ils ne semblent pas avoir préparé leur fuite après l'attentat. Djokhar Tsarnaev avait réussi à s'enfuir après une course-poursuite, dans la nuit de jeudi à vendredi, durant laquelle beaucoup de coups de feu ont été tirés et où son frère, Tamerlan Tsarnaev, 26 ans, avait été tué. Mais c'était une fuite vers nulle part. En cloîtrant la population chez elle, les autorités ont fait de Boston et de ses environs un territoire vide où se cacher devenait impossible. Le jeune Djokhar s'est terré dans un bateau et ne pouvait aller plus loin. «On l'a eu» a annoncé le maire de Boston sur son compte Twitter' tandis que le gouverneur du Massachussetts Deval Patrick indiquait : «cette nuit, nous dormirons tranquilles». Mais, ainsi que l'a noté le président Barack Obama qui a fait l'éloge du travail des services de sécurité, il reste «beaucoup de questions sans réponse». POURQUOI ? La plus importante étant celle des motivations des deux jeunes hommes, des éventuels complices et de leurs connexions éventuelles avec la situation de leur pays. Les spécialistes réels ou autoproclamés traquent la moindre bribe d'informations pour en tirer, souvent, des conclusions très hâtives. Les deux jeunes Tchétchènes qui ont émigré aux Etats-Unis, en 2003, ont rallumé, de manière quasi-automatique, le discours islamophobe qui a déferlé dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001. Un oncle installé aux Etats-Unis, Ruslan Tsarni, les considère comme des ratés, des «losers» et des incapables. Le séjour de l'aîné, dans le Dagestan, pendant 6 mois, suscite des questions : a-t-il pris contact avec les groupes, plus ou moins islamistes, qui commettent parfois des attentats contre les Russes ? Son père affirme qu'il est resté strictement dans le milieu familial. Le FBI a confirmé qu'il avait interrogé Tamerlan, en 2011 «à la demande d'un gouvernement étranger», dont le nom n'a pas été mentionné, sans avoir trouvé «aucune information suspecte». Les autorités qui espèrent que le jeune Djokhar Tsarnaev pourra donner une «explication» se refusent, pour le moment, à donner des indications. La presse américaine focalise sur Djokhar, arrivé aux Etats-Unis à l'âge de 9 ans, et devenu Américain, un 11 septembre et qui semblait totalement «intégré». «Pourquoi des jeunes qui ont grandi ici, parmi nous, ont-ils recours à cette sorte de violence ?» s'est interrogé le président américain. Personne n'était encore en mesure d'y répondre même si les violences ne sont pas rares aux Etats-Unis alors que les théories se multiplient.