«Comme Ennahar TV, une poignée de chaînes privées ont été lancées au printemps 2012 en Algérie: El Djazairia, Echourouk TV, Dzair Shop, Numidia News.... Un véritable séisme pour des téléspectateurs qui, en cinquante ans d'indépendance, n'ont connu que l'Entv, surnommée avec lassitude «l'Unique». Marie-Hélène Soenen dans magazine Télérama Après un mois de mise au frigo, le magazine spécialisé de la télévision Télérama a enfin libéré son dossier sur l'audiovisuel en Algérie. La journaliste Marie-Hélène Soenen qui a effectué l'enquête au début de mars dernier a eu toutes les difficultés pour faire accepter son dossier. La journaliste qui a effectué une virée à Alger juste après la médiatisation de l'affaire In Amenas pour enquêter sur la montée en puissance d'Ennahar, qui avait été citée par plusieurs télévisions françaises pour ses scoops et l'éclosion de certaines télévisions algériennes privées, a vu son enquête réduite de 3000 signes, pour trouver une place et surtout un espace éditorial adéquat. La journaliste a affirmé dans un échange mail qu'elle n'a jamais eu de «difficultés à imposer son opinion et son sujet» et qu'elle avait proposé le sujet à ses chefs en janvier (!). Pourquoi alors ce dossier a mis tout ce temps pour sortir? Et pourquoi le publier à un moment où le président Bouteflika est hospitalisé à Paris? L'audiovisuel algérien fait-t-il aussi peur à Télerama, pour bloquer une petite enquête sur des télévisions offshore algériennes? Car depuis la rédaction de cette enquête, il s'est passé beaucoup de choses et l'info contenue dans ce dossier est devenue dépassée, voire périmée. L'information principale est que trois chaînes algériennes privées émettant de l'étranger ont, depuis cette enquête, reçu officiellement leur agrément. Dans cette enquête, deux importants acteurs ont été oubliés et ignorés. Pourquoi? La télévision de Haddad Djair Web TV et surtout le grand mastodonte Entv. On ne peut parler du paysage audiovisuel algérien sans connaître l'avis des responsables de la Télévision nationale, qui venaient justement de signer, il n'y a pas longtemps, un accord de coopération avec France télévisions. L'Entv a fabriqué, comme El Moudjahid pour la presse écrite, la majorité des patrons des télévisions privées d'aujourd'hui. Et plus particulièrement El Djazaira TV que le magazine présente comme la vedette du reportage et surtout la future M6 de l'Algérie. Bien sûr, Télérama n'a pas voulu évoquer les personnes qui sont derrière le financement de ses télévisions. Même si le reportage éclaire sur la naissance d'un paysage, il décrit cette ouverture comme anarchique, voire tolérée. Mieux encore, le ministère de la Communication n'a pas été associé à ce reportage, alors qu'il a toléré et autorisé ensuite ses télévisions offshores. Le plus grand espace de ce reportage a été consacré à des experts en audiovisuel qui jasent en spécialistes de l'audiovisuel dans tous les médias pour espérer figurer dans le futur Haut conseil supérieur de l'audiovisuel. Le dossier de Télérama sur l'audiovisuel algérien a dépassé sa date de péremption et sa consommation est devenue dangereuse pour la santé intellectuelle et surtout informative. Surtout que deux grandes chaînes privées algériennes, Atlas TV et Djazair TV, sont sur le point d'être lancées dans quelques jours et qui balaieront toutes ces petites télévisions algériennes que Télérama présente comme des futures M6. [email protected]