La crainte des télévisions privées est déjà installée Echourouk TV, Ennahar TV et El Djazaïria TV s'inquiètent sérieusement pour leur avenir. Alors que le gouvernement examine aujourd'hui le texte sur l'audiovisuel, les opérateurs et propriétaires des nouvelles chaînes privées déjà existantes depuis plus d'une année comme Echourouk TV, Ennahar TV et El Djazaïria TV s'inquiètent sérieusement pour leur avenir. Ceci au moment où d'autres opérateurs attendent impatiemment de voir plus clair dans ce qui va découler de l'installation de cette loi sur l'audiovisuel, avant de se lancer réellement dans l'aventure. C'est le cas du groupe Haddad qui a commencé un recrutement massif et a déjà établi une grille des programmes et attend sagement la mise en application de la loi pour investir dans le secteur. C'est le cas également du groupe El Khabar qui a commencé à former ses journalistes pour parer à une ouverture imminente du champ audiovisuel. D'autres opérateurs allaient se lancer cette semaine dans l'aventure audiovisuelle privée avant d'entamer une légère marche arrière. C'est le cas pour la chaîne El Atlas TV, qui est financée par un important homme d'affaires algérien installé à Londres. L'inquiétude est d'autant plus grande car certaines dispositions de la loi ne sont pas claires en ce qui concerne les opérateurs qui ont déjà investi depuis une année dans la mise en place de leur télévision. L'un des points très débattus dans les coulisses, c'est l'article 73 du projet de texte de loi qui fixe les conditions d'acquisition de l'agrément d'une chaîne de télévision privée. Cet article indique qu'il n'est pas autorisé à un propriétaire et aux membres de sa famille d'avoir plus de 30% des parts dans la chaîne. «Comment peut-on céder la majorité d'une entreprise que nous avons montée à un associé étranger?», s'interroge l'un des patrons de chaîne. D'autant que la majorité des opérateurs dans les médias sont organisés en groupe familial, c'est le cas du groupe Haddad, Mehri ou encore Rahim. D'autres sociétés disposeraient de deux ou trois associés maximum comme c'est le cas pour Ennahar TV, Echourouk TV ou El Djazaïria TV. Cette mesure de propriétaires multiples profite néanmoins à des sociétés qui ont plusieurs associés comme c'est le cas dans certains groupes de presse, comme El Khabar ou El Watan. Il est clair que l'expérience audiovisuelle de Khalifa TV a pesé lourd dans le verrouillage des textes concernant la propriété dans les télévisions privées. Un spécialiste dans l'audiovisuel a affirmé aussi que c'est une volonté inavouée de barrer la route à la création d'une puissance médiatique audiovisuelle qui pourrait servir, à l'avenir, de tremplin pour une ambition politique ou même présidentielle. Le cas de Berlusconi en Italie est le plus cité, mais il y a encore le cas de Youssou Ndour qui avait créé sa propre télévision au Sénégal et qui lui avait ouvert les portes de la candidature à la présidentielle et causé la chute du président Wade. Aujourd'hui, ces télévisions privées algériennes ne sont pas trop considérées par le gouvernement et par l'administration. Par exemple, aucune télévision privée n'était autorisée à couvrir le procès Khalifa à Blida. Seules les caméras de la télévision publique étaient autorisées à couvrir cet événement médiatique et politique très sensible. La crainte des télévisions privées est déjà installée. Même si leur activité de proximité et leur débat politiques sont tolérés, elles sont exclues des activités gouvernementales, ministérielles et surtout présidentielles. Les caméras d'Ennahar TV, Echourouk TV ou encore El Djazaïria TV, ne sont pas acceptées au palais d'El Mouradia et dans aucune activité organisée par la Présidence. Lors de la conférence de presse du Premier ministre Sellal, après l'affaire de Tiguentourine, ces télévisions privées dont certaines ont largement contribué à la diffusion d'informations sur cette affaire, avaient été difficilement acceptées dans la salle de conférences. D'autres télévisions moins importantes comme Hoggar TV qui existent sur le satellite NilSat, ont failli être renvoyées. Que deviendront ces télévisions off-shore qui ont osé transgresser les lois de la République et lancer leurs télévisions sans l'aval du gouvernement? Auront-elles toutes leur agrément? C'est la question que se posent les patrons de ces télévisions. Si Echourouk TV et Ennahar TV ont l'avantage d'avoir le soutien de certains partis politiques et de certaines personnalités en plus de détenir des journaux qui ont leur place dans le champ médiatique algérien, ce n'est pas le cas pour Numidia News TV, d'El Djazaïria TV, Hoggar TV ou plus récemment L'Index TV, une télévision privée créée il y a à peine six mois par le propriétaire d'un journal du même nom: L'Index et qui est dirigé par un ancien journaliste du bureau d'El Watan à Constantine, Zoubir Mezazigh. Curieusement, l'Entv, qui est concernée par la concurrence déloyale de certaines télévisions, n'a organisé aucun débat pour parler de ce dossier. Ces télévisions sauront-elles s'adapter au cahier des charges du canevas du gouvernement concernant des chaînes thématiques, surtout qu'il n'existe aucun article dans cette loi qui autorise la création de chaînes d'info. La question sera sûrement débattue lors de la réunion du gouvernement et surtout lors du passage du texte à l'Assemblée populaire nationale.