Les deux équipes maghrébines devront se méfier de leurs adversaires. C'est ce soir que la 24e édition de la CAN 2004 connaîtra ses deux finalistes. Ce seront, forcément, deux nouveaux venus puisqu'aucune des quatre équipes en présence n'avait atteint ce stade lors de la précédente édition, en 2002, au Mali. Deux d‘entre elles, celle du Mali et celle du Sénégal, étaient, cependant, en demi-finale il y a deux ans. La première avait dû céder (3-0) devant plus fort qu'elle, à savoir le Cameroun, futur vainqueur de l'épreuve alors que la seconde avait perdu (2-1) contre le Sénégal. Le Nigeria avait mieux fait en 2000 dans une compétition qu'il avait conjointement organisée avec le Ghana. Chez lui, il était parvenu en finale mais il avait laissé le trophée au Cameroun à l'issue de la série des tirs au but (4-3 et 2-2 au score). Ce Nigeria-là va devoir affronter celui qui est devenu le favori des observateurs et pas seulement parce qu'il joue chez lui. La Tunisie, c'est d'elle qu'il s'agit, s'est bonifiée au fil des matches et a redonné confiance à un public dont le nombre ne cesse de croître. Incontestablement, l'équipe tunisienne qui a dominé et battu le Sénégal en quarts de finale n'avait plus rien à voir avec la formation poussive et hésitante du début du tournoi malgré les succès qu'elle enregistrait. Face au finaliste de la dernière édition, on a découvert un onze combatif, agressif et nullement disposé à se laisser impressionner. C'est justement sur leur renommée que les Sénégalais ont voulu miser les «Lions de la Terenga». Mal leur en prit puisqu'ils sont tombés sur une formation tunisienne qui en voulait et était décidée à effacer la déception de 1994. Dans un stade de Radès presque entièrement acquis à son adversaire, le Nigeria a-t-il une chance? «Oui» nous a dit un confrère qui le suit depuis un bon moment et qui ajoute: «il suffit que son équipe soit emmenée par le Okocha du quart de finale contre le Cameroun». Effectivement la production de Jay Jay ce jour-là est, assure-t-on, la meilleure qu'un joueur ait développée depuis le début de la compétition. «Il sait tout faire. Dribbler, tirer, ralentir le jeu, l'accélérer, placer des balles impossibles sur coup franc» indique le même confrère. Et c'est là que se situe le problème des nigérians car Okocha est un joueur connu pour son inconstance. Il n'empêche que l'équipe des «Green eagles» a des raisons de se montrer satisfaite de son parcours car, après son entrée catastrophique face au Maroc (défaite sur le score de 1 but à 0), il ne se trouvait presque plus personne pour croire en eux. C'est une grande victoire pour son entraîneur, Christian Chukwu. L'autre demi-finale verra l'équipe du Maroc tenter de percer vers une finale qu'elle n'a jamais atteinte en dépit d'une victoire en 1976 en Ethiopie. Cette année-là le second tour de la CAN avait consisté en un minichampionnat qui avait vu les «Lions de l'Atlas» terminer en tête devant la Guinée, le Nigéria et l'Egypte. Les Marocains n'ont pas pour l'instant, effectué un sans faute dans ce tournoi si l'on excepte le dernier match du premier tour contre l'Afrique du Sud où ils s'étaient contentés du match nul. Mais ce jour-là, ils étaient déjà qualifiés pour les quarts de finale et l'envie de gagner n'était, peut être, pas la même. Mais en quart de finale, ils sont passés tout près de l'élimination devant une formation algérienne dont la déconcentration dans le temps additionnel lui a été fatale. Cette équipe marocaine que l'on présente ici comme celle qui dispose de la meilleure cohésion risque de payer des efforts et des émotions subies dans le match contre l'Algérie. D'autant qu'elle aura, face à elle, une équipe malienne moins fatiguée même si en quart de finale elle a souffert le martyre devant l'équipe guinéenne avant de s'imposer, sur un but assassin, inscrit en fin de match. Les Maliens possèdent, eux aussi, une arme redoutable en la personne de Frédéric Kanouté. S'il est servi en conséquence, ce joueur est capable de faire pencher la balance en faveur de son équipe. De leur capacité à le bloquer, dépendront les chances des Marocains. Ils disposent pour cela d'une défense solide mais résistera-t-elle aux coups de boutoir de Coulibaly, Soumaïlia et compagnie? Là est toute la question. De notre envoyé spécial