Le comité Al Qods, qui a pour mission de préserver la ville sainte contre les agressions israéliennes, ne s'est pas réuni depuis l'an 2000. Les Frères musulmans ont sévèrement critiqué «le Comité Al Qods» qu'il est censé présider et qui a pour objectif de préserver la ville sainte contre les agressions israéliennes. Le Maroc est beaucoup plus prompt à réagir lorsqu'il s'agit de spolier le peuple sahraoui de ses terres, de torturer ses militants qui militent pour l'indépendance du Sahara occidental ou de revendiquer les territoires algériens (Tindouf, Béchar) que de tenir ses engagements par rapport à la cause palestinienne. Le souverain marocain, qui était supposé être en première ligne dans ce combat contre la politique de dépossession de l'identité palestinienne par l'Etat hébreu, donne étrangement l'impression de traîner les pieds. Le comité Al Qods, qu'il est censé présider et qui a pour mission de préserver la ville sainte contre les agressions israéliennes, ne s'est pas réuni depuis l'année 2000. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, avait souhaité, en 2012, qu'il soit réactivé afin de tenir une réunion d'urgence pour faire barrage aux desseins israéliens de judaïsation de la ville sainte. Sans succès. Pourquoi les activités du comité Al Qods ont été mises en veilleuse? Les Frères musulmans d'Egypte ne se sont pas embarrassés avec cette question. Ils ont tout simplement remis en cause son apport à la cause palestinienne et à la défense de l'identité de la ville sainte. Cette remarque a été ressentie comme une claque par le pouvoir marocain. Le moment choisi pour ce type de critique correspond à la triste commémoration du 65ème anniversaire de la Nekba (Exode du peuple palestinien qualifié de désastre). Il met encore un peu plus en évidence le manque d'efficacité et d'engagement de certains pays arabes en faveur du peuple palestinien. Le Maroc s'est-il senti concerné? A entendre les réactions en provenance du royaume cela a eu l'effet d'une bombe. Il aura fallu que les parlementaires égyptiens mettent les pieds dans le plat pour que le Makhzen sorte de sa léthargie. Le numéro deux du Parti des frères musulmans en Egypte, Issam Al Aryan, se serait interrogé sur le rôle du comité El Qods lors d'une réunion de la Commission des affaires étrangères rapporte la presse marocaine qui cite le quotidien cairote El Watan. «Nous ne voulons pas travailler avec les anciens outils... Le comité Al Qods, présidé par Mohammed VI, un roi jeune et dynamique, n'a pas la moindre valeur ajoutée», aurait déclaré le leader islamiste égyptien. L'action du souverain marocain a été jugée inefficace. Quoi de plus normal que de vouloir lui retirer la gestion de ce dossier? En annonçant la création d'un fonds Al Qods doté d'un milliard de dollars, la charge avait été sonnée par le Qatar lors du 24e sommet des pays arabes qui s'est tenu à Doha au mois de mars 2013. Une initiative ressentie comme un crime de lèse-majesté. Le MAE marocain a instantanément réagi: «Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a appris avec grand étonnement les déclarations attribuées à des personnalités égyptiennes ayant minimisé et déprécié le rôle du comité Al Qods. De telles déclarations constituent un déni irresponsable du rôle du comité et de l'Agence Bayt Mal Al Qods Acharif, dont l'action est supervisée personnellement par Sa Majesté le Roi Mohammed VI...», indique son communiqué. L'agence de presse officielle marocaine s'est chargée d'amplifier la riposte contre ces critiques qui mettent directement en cause le monarque alaouite. «SM le Roi Mohammed VI n'a cessé d'entreprendre des démarches auprès des parties concernées et des membres permanents du Conseil de sécurité, afin de mettre fin aux manoeuvres israéliennes, souligner l'importance d'Al-Qods pour le monde musulman et chrétien et préserver son statut de ville sainte pour les trois religions monothéistes», peut-on lire dans une dépêche de la MAP datée du 17 mai. Que pense-t-on de cette controverse en Algérie? «Sans vouloir entrer dans cette polémique, il est vrai que la demande palestinienne de réactivation de ce comité est tout à fait légitime et pressante... La conjoncture impose une redynamisation de ce comité et nous estimons, même si nous n'en sommes pas membre, que les appels en ce sens, faits à partir de certaines capitales arabes et islamiques, sont fondés et pertinents et ils méritent d'être entendus», a confié à l'Expression, sous le sceau de l'anonymat, un responsable algérien. «Durant toutes ces dernières années nous n'avons eu de cesse d'appeler les pays arabes et musulmans à arrêter une stratégie claire et un plan d'action robuste et sérieux pour contrecarrer le projet israélien visant la judaïsation d'Al Qods... La politique d'expansion coloniale illégale menée avec constance par Israël constitue un défi à la volonté de la communauté internationale et une atteinte aux droits du peuple palestinien. En ce triste anniversaire de la Nekba, nous insistons sur la responsabilité de la communauté internationale pour lever l'injustice insoutenable qui est faite au peuple palestinien», souligne avec regret le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères.