L'affaire des otages, le crash de l'avion d'Air-Algérie et l'interception d'un convoi d'armes ont fait sortir Tamanrasset de sa torpeur. Le président Bouteflika sera aujourd'hui dans la wilaya de Tamanrasset pour une visite d'inspection et de travail. Au programme de cette escale, plusieurs inaugurations et une virée à la zaouïa de la ville. Tout est fin prêt pour accueillir dans l'hospitalité exemplaire du Sud l'hôte à qui on souhaite «de briguer un deuxième mandat». C'est du moins ce que les officiels laissent entendre à travers les banderoles et les affiches collées un peu partout dans les quartiers de la ville. Tamanrasset, à la veille de l'arrivée de Bouteflika, est surtout préoccupée par les suites données au crash du Boeing 737-200 d'Air Algérie survenu le 6 mars 2003, qui a coûté la vie à 102 passagers. Presque une année après cette catastrophe, les familles des victimes et les Tamanrassétis «exigent la vérité, toute la vérité sur ce crash». Des citoyens et même des responsables au niveau de la wilaya en sont encore à s'interroger sur le déroulement de l'enquête. Une enquête qui, notons-le, avait révélé une panne technique au niveau du réacteur gauche de l'appareil. Force est de constater, en effet, que cet événement hante toujours les esprits. Aujourd'hui, à l'occasion de la cérémonie de recueillement à la mémoire des victimes du crash où Bouteflika sera présent, il est attendu que le chef de l'Etat ne manquera pas, selon certaines indiscrétions, à revenir sur les circonstances du crash. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Tamanrasset a été mise sous les feux de la rampe tout au long de l'année dernière. La prise d'otage spectaculaire de touristes étrangers. Cet épisode malheureux a eu des conséquences négatives sur le tourisme. Une catastrophe pour les cinquante agences touristiques qui y exercent. «Un cauchemar» pour les milliers de familles, qui vivent des revenus du tourisme d'aventure. Le taux de chômage a atteint son seuil maximal depuis quelques mois, révèle un responsable local qui a requis l'anonymat. L'autre sujet qui a fait couler beaucoup d'encre a trait à la neutralisation du convoi d'armes à Aïn Salah. «Ces événements nous ont réveillés d'un long sommeil, jusqu'à mars 2003, la wilaya était à l'abri du terrorisme», nous a déclaré un citoyen. Les problèmes de cette wilaya ne se limitent pas uniquement à l'aspect sécuritaire. Il faut savoir que selon les statistiques de l'Institut national de la santé publique, Tamanrasset enregistre le plus grand nombre de sidéens en Algérie. Une maladie ayant pour origine, un autre phénomène qui épuise les efforts des autorités locales: il s'agit de l'immigration clandestine, qui prend de l'ampleur en dépit du renforcement des contrôles au niveau des frontières. Au coeur de la ville, le village africain témoigne, si besoin de la gravité du problème, lequel semble dépasser les moyens de la wilaya. Selon un responsable local, une opération de refoulement coûte 30 millions de centimes. Au mieux les centaines de clandestins décident de rentrer chez eux, (la majorité des cas), ces immigrés reviennent le jour même dans leur région de prédilection : Tamanrasset.