France 3 a présenté hier juste après le film Des Hommes et des Dieux, un documentaire inédit intitulé Le martyre des moines de Tibhirine, réalisé par Malik Aït-Aoudia et Séverine Labat. Une nouvelle version audiovisuelle sur l'histoire des sept trappistes du monastère de Tibhirine, enlevés, séquestrés pendant 56 jours par le GIA, puis assassinés. Un documentaire qui, pour la première fois, donne la parole aux principaux protagonistes du drame: des responsables du GIA, des officiers supérieurs de l'Armée algérienne et des membres du gouvernement de l'époque, afin de restituer la vérité à travers une narration chronologique des événements, les aspects humains, historiques et politiques de ce drame. Le succès du film de Xavier Beauvois Des Hommes et des Dieux avait relancé l'histoire tragique des sept moines de Tibhirine dans l'actualité. L'enquête judiciaire est relancée. Avec pour seul souci la recherche de la vérité par les faits. Les deux réalisateurs, Malik Aït Aoudia et Séverine Labat, se sont investis durant plus de deux ans dans une enquête journaliste très approfondie pour offrir un témoignage, à la fois important et humain. Juste après la diffusion du documentaire, le réalisateur Malik Aït Aoudia a bien voulu répondre à chaud à nos questions. L'Expression: Votre documentaire est-il une réponse aux partisans du «qui tu qui» et aux reportages de Jean-Baptiste Rivoire, diffusés il y a plusieurs mois sur Canal +? Malik Aït Aoudia: Vous savez, on ne travaille pas pendant des années pour répondre à X ou à Y. Et si leurs délires n'avaient pas existé, il aurait fallu oublier Tibhirine? Nous avons fait ce film avec Séverine pour raconter les moines et rendre hommage à des hommes d'exception qui sont morts de façon terrible parce qu'ils aimaient l'Algérie et les Algériens. France 3 a-t-elle été sensible à votre version des faits? France 3 ne s'est pas déterminée par rapport à une version mais par rapport à une vision, esthétique et une démarche documentaire. Comment allions-nous raconter cette histoire? Avec quel témoignage? Ce sont les questions qui se sont posées. La question de la version vient en dernier. France 3 a diffusé le film de Xavier Dubois Des Hommes et des Dieux avant le doc. Pensez-vous que votre documentaire va effacer la version du film? Encore une fois, nous n'avons pas fait ce documentaire pour répondre à qui que ce soit, mais pour essayer de dire, en se rapprochant le plus possible de la réalité, ce qui s'est passé en 1996 autour du monastère et des moines de Tibhirine. Rien de plus. L'affaire Tibhirine n'a pas été résolue juridiquement. Pensez-vous que votre documentaire va servir l'enquête? Chacun son métier, ce n'est pas notre problème. Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées pour réaliser ce documentaire? On travaille depuis des années sur les moines de Tibhirine. Les difficultés ont donc été surmontées au fur et à mesure. Vous avez interviewé un ancien chef du GIA, Hassen Hattab. Quelles sont les personnes que vous auriez aimé avoir pour appuyer votre enquête journalistique? Nous aurions aimé pouvoir identifier un témoin ou un de ceux qui ont ré-enterré les corps des moines après leur décapitation dans le maquis de Bougara. Cela aurait donné une indication utile pour permettre de retrouver les corps. Notre quête continue.