Le réalisateur Yanis Koussim Le court métrage La Nuit de Yanis Koussim, notre coup de coeur, sera présenté avec le reste de la sélection Un Eté à Alger, le 5 juin, à l'IFA. L'Algérie était en force au Short Corner cette année en y prenant part avec cinq films et non des moindres. Néanmoins, si deux se distinguaient clairement par leur qualité cinématographique indéniable, les autres péchaient plus moins par des tentatives assez mitigées. El Djazira de Amin Sidi Boumedienne est un bijou filmique mettant en scène une sorte d'homme venu du futur à la recherche de paix et de travail en Algérie. Rien ne démontre que c'est l'Algérie si ce n'est nos repères géographiques propres à nous-mêmes et puis cette langue que l'on perçoit, nous Algériens. Ce film silencieux en partie, happe le regard, introspectif autant que itinérant, nous mène à voyager au coeur de notre sensibilité, entre espace et temps dilaté des plus inquiétants, rehaussé par le souffle de cet être venu d'un ailleurs. Celui de l'imaginaire pourtant de l'auteur du film, qui se nourrit de films de science-fiction et de cinéma en général. Dans un registre complètement différent est Le Village Aït Vabanne, un documentaire décliné en sorte de carte postale de la Kabylie et signé Rabah Bellil. Un film qui montre les us et coutumes traditionnels de cette région verdoyante. Dayen, fiction de Abdelkader Salmi est un drame en langue berbère également. Dans une atmosphère de polar, l'histoire est celle d'un homme qui décide de pourchasser les tueurs de son père, entre scène de combat et effets spéciaux. Un court métrage qui se présente étrangement comme une bande annonce d'un long métrage car on s'attend à une suite. Le fou du shiste de Sofiane Bellil est un film tourné également en langue berbère et plus précisément à Béjaïa. Dido a été renvoyé de son boulot et vit une déception sentimentale. Suite à cette cassure psychologique il s'entichera d'une statuette avec laquelle il se mettra à soliloquer, voudra l'habiller car nue, au grand étonnement des badauds. Ce film presque absurde, à la lumière béatifiante se veut une fable sur l'amour sacré. Enfin, le court métrage de Yanis Koussim, intitulé La Nuit est le fruit d'un montage de cinq épisodes en réalité entrant dans le cadre du web doc Un Eté à Alger. Remonté, ce film se décline par heure de la journée, de 20h30 et son coucher de soleil jusqu'à l'aube. Cela commence donc par l'appel à la prière et cette vue sur la baie d'Alger au loin et cette intervention de cet imam qui soutient que les créatures maléfiques surgissent au cours de la nuit. Et puis, cette évocation de la peur de la nuit de l'auteur à 4 ans, dans le train fantôme. Sentiment sans doute partagé par tous les enfants que nous étions jadis...23h30 place au métro, le dernier de la journée que le réalisateur prend pour filmer le silence nocturne. Ce qui est intéressant à souligner en fait dans cette compilation best of, est le propos qui, sous-jacent, apporte un certain éclairage sur les opinions sociopolitiques de notre jeunesse algérienne en mal de vivre. Celle-ci est partagée entre désespoir et désir ardent de rester debout, malgré tout. 00h42, sur l'autoroute, la nuit caresse nos espérances, tout en douceur et en musique. Le réalisateur embarque sa caméra dans un taxi conduit par un jeune réalisateur à l'origine qui a filmé des nomades. Ce dernier dénonce le manque de formation au 7e art en Algérie. C'est connu, la nuit les langues se délient et le coeur se met à crier. 11h 40, la fête bat son plein quelque part dans une villa. Un jeune dénonce l'hypocrisie qui règne dans notre pays et discrédite les filles, qui osent sortir le soir pour faire la fête entre amis. Quel mal font-elles, se demande ce jeune homme, la musique en arrière fond et les silhouettes de jeunes gens en train de danser. 02h15, c'est l'heure de la pause méditation, quand le coeur oppressé à nouveau se met à interroger l'univers. Des jeunes tuent leur temps dans un cybercafé. La nuit effectivement, il n'y a pas trop d'endroit où aller en Algérie. 03h37, la nuit est d'un silence pénétrant. On regarde la mer pour narguer son insomnie et songer à son existence, son avenir, son passé mais surtout son présent, alors que le pays fête le cinquantième anniversaire de son Indépendance. Très beau court métrage des plus parlants. «A cannes, on recharge ses batteries et l'année d'après on est boosté à bloc et on a envie de faire du cinéma tout en évaluant son niveau. Pour moi, les années après Cannes sont très fructueuses. Ce court métrage est une esquisse, une sorte d'introduction au long métrage. C'est un peu cela la genèse du court métrage», nous a confié le cinéaste Yanis Koussim présent cette année à Cannes. Son web documentaire très poétique au demeurant est à voir prochainement à Alger. Il sera présenté avec le reste de la sélection «Un été à Alger», le 05 juin, à l'IFA. A ne pas rater!