C'est bien connu! C'est un vieux débat que beaucoup de pays ont résolu en multipliant le nombre de chaînes généralistes et en créant de nombreuses chaînes thématiques payantes pour satisfaire les goûts de tous les publics. Le débat, vieux comme le cinéma, est de savoir si la télévision doit divertir ou instruire et éduquer les masses, pour reprendre la vieille formule démagogique chère au parti unique. Les plus raisonnables disent qu'il faut qu'elle assume les deux rôles d'une manière équilibrée mais en aucun cas elle ne doit abrutir ni suppléer l'école ni la mosquée. Mais quand la chaîne est unique, le défi est difficile à relever, surtout quand on sait que l'information canalisée par les tenants du pouvoir a la part du lion. La chaîne divertissement a la tâche la plus lourde. Elle s'adresse soit aux personnes qui passent la journée à la maison ou à celles qui rentrent fatiguées et qui aspirent, bien calées dans un moelleux fauteuil, les orteils en éventail, à voir un bon spectacle avant de sombrer dans les bras de Morphée. Un bon spectacle, c'est un long métrage de qualité, pas trop rayé, ni sous-titré et sans trop de coupures dues à une censure pointilleuse. Un bon spectacle, c'est un plateau artistique qui réunit des artistes de talent et présenté par un animateur ou une animatrice intelligente, avec de l'à-propos et une culture en rapport avec celle du public vers lequel elle est censée se tourner. C'est aussi une animatrice qui sait se renouveler. Le public a horreur des redondances. Les bons spectacles, c'est aussi un match de football de qualité, réalisé avec brio et commenté par un esprit brillant, enthousiaste et sans parti pris. A côté de la télévision divertissement, un créneau éducatif doit être exploité dans le goût des différentes catégories de la population: des reportages ou documentaires sur les sujets susceptibles d'attirer l'attention du public, au moment opportun (reportages sur la santé, l'école, les transports, les différents problèmes de l'agriculture, les procédures de justice, l'habitat, la vie des institutions...). Des émissions scolaires adroitement présentées peuvent ajouter aux classes d'examen un complément de formation. Des documentaires sur la faune, la flore, l'histoire des pays, des civilisations passées ou actuelles sont indispensables pour cultiver le public. Des émissions spécialisées sur le cinéma, la littérature, l'art en général, la gastronomie peuvent satisfaire des amateurs éclairés, mais qu'on arrête les reportages où les interviewes vont toutes dans le même sens, qu'on supprime les chansons patriotiques lancées entre deux spots publicitaires à la gloire du système. En période électorale ou non, dans un pays où le multipartisme est censé donner une large place à la confrontation d'idées, rien ne vaut un débat, en direct bien sûr, entre deux parties que tout oppose ! Alors, on ne zappera pas!