Vingt personnes ont été tuées en Irak hier dans deux attaques visant des marchés, a-t-on appris auprès de sources médicales et sécuritaires. A Joudaïda al-Chat, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Baghdad, un triple attentat contre un marché de fruits et légumes a tué 13 personnes. Deux voitures piégées ont explosé, puis un kamikaze a actionné la charge qu'il portait sur lui. L'attaque, qui a fait aussi 53 blessés, s'est produite à l'heure de pointe, alors que clients et vendeurs se pressaient dans les allées. Près de Taji, à la sortie nord de la capitale irakienne, une voiture piégée a explosé à proximité d'un marché aux poissons, faisant au moins 7 morts et 16 blessé. Ces attaques n'ont pas été revendiquées, mais les insurgés sunnites, dont Al Qaîda en Irak, visent régulièrement la communauté chiite, majoritaire dans le pays. «Al Qaîda est derrière cette attaque terroriste», a déclaré un témoin sur place à Joudaïda al-Chat. Le groupe extrémiste essaye d' «insuffler la haine religieuse dans notre région, alors que nous vivons en parfaite harmonie avec les sunnites», a-t-il assuré. La fréquence et l'intensité des violences en Irak font craindre un retour au conflit confessionnel de 2006-2007. Selon les Nations-unies, plus d'un millier de personnes ont ainsi péri dans des attaques en mai. Martin Kobler, le chef de la mission de l'ONU dans le pays a récemment jugé que l'Irak était «prêt à exploser». Ce regain de violences coïncide avec une grave paralysie politique et un vaste mouvement de protestation de la minorité sunnite. Elle s'estime stigmatisée par les autorités, dominées par les chiites, et exige la démission du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki. Observateurs et experts jugent également que l'échec des autorités à s'attaquer réellement aux racines de la colère sunnite ne fait qu'attiser les ardeurs des insurgés. Sur un autre plan, le chef d'Al Qaîda Ayman al-Zawahiri a annoncé avoir invalidé «l'Etat islamique en Irak et au Levant», proclamé en avril par le chef de la branche irakienne du réseau, Abou Bakr al-Baghdadi, dans une lettre citée par Al-Jazeera. «Cheikh Abou Bakr al-Baghdadi a commis une erreur» en créant «sans nous consulter» le nouvel Etat, une fusion entre l'Etat islamique d'Irak (ISI) et le Front al-Nosra, un groupe radical actif en Syrie, écrit le numéro 1 d'Al Qaîda dans sa lettre publiée par Al-Jazeera sur son site internet. Cette initiative «a nui à tous les jihadistes», accuse Zawahiri, avant de statuer que «l'Etat islamique en Irak et au Levant est invalidé» et que «le Front al-Nosra au Levant est une branche indépendante d'Al Qaîda». Il ordonne à l'ISI et à al-Nosra de «cesser toute hostilité de l'un envers l'autre» et à s'entraider mutuellement par un apport «en hommes, en armes et en argent». Il charge un religieux, cheikh Abou Khaled al-Souri, de le représenter en Syrie pour «trancher tout différent» lié à sa décision d'abroger l'éphémère fusion entre les branches syrienne et irakienne du réseau extrémiste. L'authenticité de cette lettre, dont Al-Jazeera dit avoir obtenu une copie de «sources sûres en Syrie», ne peut être vérifiée. L'annonce de la fusion, qui avait suscité des remous parmi les jihadistes engagés contre le pourvoir syrien, avait conduit le chef du Front al-Nosra, Abou Mohammed al-Joulani, à annoncer publiquement son allégeance à Ayman al-Zawahiri.