Mme Wendy Sherman effectue du 10 au 16 juin une tournée dans cinq pays nord-africains. Un «stratège» de la politique de l'administration Obama dans les prochains jours à Alger. La sous-secrétaire d'Etat américaine aux Affaires politiques, Mme Wendy Sherman, va effectuer une visite en Algérie à partir de samedi prochain, selon les services de l'ambassade américaine à Alger. Cette visite entre dans le cadre d'une tournée dans plusieurs pays d'Afrique du Nord, a indiqué lundi la porte-parole du département d'Etat américain. Durant ce périple, Mme Sherman se rendra du 10 au 16 juin, en Libye, en Egypte, en Tunisie, au Maroc et en Algérie. La sous-secrétaire d'Etat américaine «rencontrera des responsables du gouvernement de chacun des cinq pays visités ainsi que des représentants de la société civile pour discuter d'un large éventail de questions», a précisé le département d'Etat. L'étape algérienne sera la dernière et la plus longue de ce voyage (deux jours). Donc la plus importante. Elle y animera dimanche, à 8h du matin, une conférence de presse. Si Mme Sherman a choisi l'Algérie comme dernière destination de son périple nord-africain, c'est que les relations étroites développées par les deux pays depuis ces dix dernières années et la conjoncture nationale et régionale l'imposent. Surtout que cette visite intervient dans une période de mutation politique du pays amorcée par les réformes entamées il y a de cela deux ans par le président Bouteflika. A cela s'ajoute une situation d'expectative, d'appréhension et de stagnation qui marque la scène politique nationale depuis la maladie du président, il y a exactement 45 jours. Il y a quelques jours, l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger s'est exprimé sur le sujet. M.Henry S. Ensher, qui a souhaité un prompt rétablissement au président de la République, a fait savoir que son «gouvernement est prêt à travailler avec toute institution démocratiquement élue par le peuple algérien dans le cadre constitutionnel». Une façon pour lui de rappeler que les USA appuient le processus démocratique enclenché depuis des années en Algérie. Le contexte régional sera aussi à l'ordre de cette visite qui, comme son nom l'indique, est avant tout régionale. Ce n'est pas un scoop que de faire remarquer que la région d'Afrique du Nord est plongée dans une grave phase d'incertitude, voire même de chaos comme c'est le cas actuellement en Libye. Ce pays est au bord d'une guerre civile. L'anarchie s'y est installée dans la durée. Depuis la chute du régime de Mouammar El Gueddafi, les milices armées font la loi. Après avoir pris en otage le Parlement et plusieurs départements ministériels dont ceux de la défense et de l'intérieur, les «seigneurs de la guerre» en Libye sont revenus à la charge, samedi dernier, en tirant sur la foule. Pas moins d'une trentaine de morts et une centaine de blessés ont été enregistrés lors de ces affrontements entre manifestants et ex-rebelles. Ce n'est guère mieux en Egypte qui est elle aussi, marquée par une instabilité chronique depuis la chute de Hosni Moubarak. La Tunisie n'est pas mieux lotie. Elle est au bord de l'implosion avec un salafisme rampant qui a même pris les armes dans les monts Chaâmbi. En plus de tous ces mouvement d'instabilité, la région est entourée par la guerre au nord du Mali qui a vu des groupes islamistes armés prendre le pouvoir dans cette région de l'Azawad. Tous ces pays, en plus de l'instabilité, ont la particularité d'être tombés aux mains des islamistes. Même le Maroc, qui n'est pas touché par ces troubles, est sous l'emprise d'un gouvernement islamiste. Au milieu de cette ceinture de feu et de salafisme, se trouve l'Algérie. Elle qui est considérée comme une force régionale, voit sa position de leader confortée grâce à la stabilité dont elle a fait preuve jusque-là. Aussi, pour la sous-secrétaire d'Etat américaine aux Affaires politiques, l'étape algérienne est des plus importantes. Surtout que l'administration Obama qui se propose de «donner» sa chance à un islamisme «light», se retrouve face à un salafisme radical. Même, la vitrine de cet islamisme «sur mesure», qu'est la Turquie a subit un fracassement. Ce modèle proposé aux Arabes a pris un sacré coup avec la montée en puissance de la protestation en Turquie, qui réclame le départ de l'AKP du pouvoir, symbole de cet islamisme. Cela étant, le président Barack Obama n'a pas envoyé sa sous-secrétaire d'Etat dans un terrain inconnu. C'est elle qui avait coprésidé les travaux du lancement du Dialogue stratégique algéro-américain en octobre 2012, avec le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M.Abdelkader Messahel. Elle avait insisté sur la nécessité de l'élargissement de la coopération entre les deux pays. La voilà donc sur le terrain pour concrétiser cette coopération qui n'est pas seulement sécuritaire...