Le président Obama en Afrique avec l'obsession de la Chine à l'esprit La tournée comprend une étape sud-africaine les 29 et 30 juin (...) où l'ancien leader sud-africain est plongé dans un état critique au cours des dernières heures. Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, entame demain sa première grande tournée en Afrique depuis son élection mais l'agonie de Nelson Mandela va inévitablement peser sur un voyage longtemps attendu face à la montée en puissance de la Chine dans la région. La tournée comprend une étape sud-africaine les 29 et 30 juin et la Maison Blanche a déclaré dimanche que ses pensées et ses prières allaient vers l'ancien leader sud-africain plongé dans un état critique au cours des dernières heures. A près de 95 ans, il est hospitalisé depuis plus de deux semaines pour une grave infection pulmonaire. Le président sud-africain Jacob Zuma a assuré hier que la visite de son homologue américain était maintenue malgré la détérioration de l'état de santé du héros de la lutte contre l'apartheid. «Il s'agit d'une visite importante puisque les Etats-Unis sont un acteur majeur en matière d'investissement, de tourisme et de technologie» pour l'Afrique du Sud, a-t-il dit, ajoutant que les questions de sécurité sur le continent seraient également discutées. Barack Obama a prévu de passer une nuit à Johannesburg et une autre au Cap et de faire aussi un arrêt sur l'île abritant l'ancienne prison de Robben Island, où Mandela a passé 18 ans. La Maison Blanche avait déclaré vendredi que le président américain s'en remettrait à la famille pour une éventuelle rencontre avec Mandela, une possibilité qui parait exclue aujourd'hui. Accompagné par son épouse Michelle, M.Obama doit se rendre du 26 juin au 3 juillet au Sénégal, en Afrique du Sud et Tanzanie mais pas sur la terre natale de son père, le Kenya, dont le président, Uhuru Kenyatta, est poursuivi par la Cour pénale internationale. «Les Africains étaient très enthousiastes quand le président Obama a été élu» en 2008, rappelle Mwangi Kimenyi, chercheur à la Brookings Institution. «Ils attendaient un engagement plus fort (des Etats-Unis) que par le passé, en termes de politique mais aussi de visites, étant donné l'origine du président», ajoute-t-il. La politique africaine a attendu, Obama cherchant d'abord à surmonter la crise économique de 2007, à gérer les révolutions du printemps arabe et la fin de l'engagement américain en Irak et en Afghanistan. Pour la Maison Blanche, il était donc «grand temps» d'effectuer cette tournée en Afrique car son absence sur le continent avait «beaucoup déçu». Alors que certains pays africains se tournent déjà vers d'autres puissances comme la Chine, l'exécutif américain évoque la nécessité d' «étendre la croissance économique, l'investissement et le commerce, de renforcer les institutions démocratiques, et d'investir dans une nouvelle génération de dirigeants africains». «Pour les Etats-Unis, cela n'a pas de sens de dire que nous sommes un leader mondial sauf sur ce continent (...) Il nous faut être présents en Afrique», insiste le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Ben Rhodes, en faisant valoir que la Chine, la Turquie et le Brésil, notamment, y ont développé leur présence ces dernières années. Washington a bien noté que le président chinois Xi Jinping, qui avait précédé Obama sur le continent en mars, avait célébré «l'amitié sincère» entre l'Afrique et la Chine. Avide de matières premières, la Chine est devenue en 2009 le premier partenaire du continent, d'après l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Selon une étude du groupe de réflexion Center for Global Development, la Chine a investi 75,4 milliards de dollars en Afrique entre 2000 et 2011, soit un cinquième du total des investissements sur le continent, s'approchant des montants dépensés par les Etats-Unis, 90 milliards de dollars. Le président américain pourrait aborder de façon subtile la stratégie économique agressive de Pékin en Afrique. Obama devrait faire valoir le bilan américain en matière d'expertise locale, de transfert des technologies, de transparence, et le pouvoir des marques américaines, tout en évoquant au passage le «code de la route» économique, fréquent sujet de frictions avec Pékin.