L'administration est convertie en comité de soutien à Bouteflika. Après Benflis et Bouteflika, c'est au tour de Mme Hanoune, de MM. Djaballah, Touati, Sadi, Ghozali, Sifi, Rebaïne et Taleb de déposer, hier, leur dossier de candidatures auprès du Conseil constitutionnel. Le premier, donc, à emboîter le pas à ce duo impitoyable est le président du MRN qui a remis dès 10 h son dossier à Bejaoui. En sortant de cette institution, Djaballah arbore une mine empreinte de confiance et d'assurance. «Le dossier répond à toutes les conditions exigées par la loi. Nous sommes confiants en la victoire» déclare Djaballah qui relève, toutefois, les pressions exercées sur certains P/APC pour entraver la collecte des signatures. «Mais, on a pu dépasser cette situation grâce à notre expérience de 1999» rassure-t-il. Ensuite, Djaballah reprend ses termes virulents contre le pouvoir qu'il qualifie derechef de despotique. Dans ce sens, le candidat à la présidentielle indique que l'occasion du changement est plus que jamais arrivée. Tirant sur ses prochains rivaux dans la course électorale, le chef d'El Islah souligne que «ceux qui vont changer le système sont ceux qui ont lutté pour le changement et non pas ceux qui sont passés par les rouages du pouvoir». Bouteflika, non plus, n'est pas épargné par ce candidat islamiste qui remarque l'utilisation démesurée des biens publics et des médias lourds au profit du président-candidat. Haussant le ton, Djaballah ajoute que «l'administration est convertie en comité de soutien à Bouteflika». Cependant, précise notre interlocuteur, le peuple est déterminé à opérer le changement et mettre fin à ces abus. Dans la foulée, Djaballah annonce que sa conviction inébranlable tire sa force dans plus de 200.000 militants. En marge de cette rencontre, on apprend que Djaballah a récolté plus de 300.000 signatures de citoyens et plus de 1600 paraphes d'élus. Ce n'est qu'à 18 h que Louiza Hanoune du PT devait remettre son dossier de candidature. Ses militants qui ont travaillé d'arrache-pied durant des semaines, se déclarent optimistes quant à la validation de la candidature de leur porte-parole. Si Bejaoui donne son OK, Hanoune marquera, de fait, l'histoire politique de l'Algérie indépendante. Une heure plus tard, Touati sera reçu au Conseil constitutionnel. C'est peut-être la surprise de cette phase délicate mais les derniers résultats du FNA sont là pour témoigner que Touati a son mot à dire. Sadi, lui, devait déposer son dossier à 20 h. Le président du RCD, qui a déjà dénoncé les blocages administratifs ayant pénalisé certains émigrés pour le soutenir, prouve qu'il est capable de relever le défi des signatures. Ni la naissance de l'UDR ni le mot d'ordre des archs n'ont pu avoir raison du courage politique de Sadi. Le septième coureur vers El Mouradia sera accueilli par Bejaoui à 22 h. Ghozali, car il s'agit de lui, déclare que son dossier est en bonne et due forme. Ainsi, l'ex-chef du gouvernement démontre que son aura populaire est importante en dépit du refus inexpliqué d'agréer sa formation politique. Sifi, qui a fait durer le suspense autour de sa candidature, levait le voile à 23 h où il franchissait le peloton du Conseil Constitutionnel. Membre des dix, il a décidé d'entrer en lice pour mettre à nu les dépassements du pouvoir. Le dernier, mais parmi le plus important, devant remettre son dossier de candidature est l'islamo-nationaliste Taleb qui a préféré attendre l'ultime demi-heure. Fort de son expérience de 1999 où il a obtenu, même en dehors de la course, un million de voix, Taleb, est incontestablement le réceptacle qui va puiser dans les deux courants politiques incarnés par Bouteflika, Benflis et Djaballah. Sa carrure le place déjà sur la ligne de départ le 8 avril. Tout compte fait, neuf candidats potentiels vont attendre l'aval de Bejaoui pour officialiser la liste définitive.