Dans le meilleur des cas, il ne devrait rester que six ou sept personnes, une fois connu le verdict du Conseil constitutionnel. Lundi, quelques minutes avant minuit, Ahmed Taleb Ibrahimi a été le dernier candidat à déposer son dossier de candidature au niveau du Conseil constitutionnel. Avant lui, durant la même journée, Abdallah Djaballah, Ali-Fewzi Rebaïne, Moussa Touati, Saïd Sadi, Louisa Hanoune et Sid-Ahmed Ghozali avaient emprunté la même voie pour s'acquitter de la même procédure. La veille, dimanche, Benflis, suivi, quelques heures plus tard, par Bouteflika, avaient procédé à la même procédure. Le sort en est jeté, mais le microcosme politique algérois a vécu, ces dernières quarante-huit heures, au rythme des attentes, défections et victoires de dernière minute, les rendant tellement plus importantes. Dès dix heures du matin, un nombre important de journalistes avait pris d'assaut les abords, et même l'entrée de l'institution que préside Mohamed Béjaoui. Un constat qui n'était pas pour déplaire à Djaballah, premier arrivé sur les lieux, aux environs de 10 heures du matin. Après avoir déposé son dossier de candidature, il a longuement expliqué avoir largement franchi le cap des signatures, aussi bien concernant les citoyens que ses propres élus, au nombre de plusieurs centaines. Le président du mouvement El-Islah, qui se voit déjà dans la peau d'un président, en a profité pour lancer un appel à l'armée ainsi qu'aux autres candidats afin de faire front contre la fraude électorale. Ce n'est qu'à 18h qu'arrive le second candidat. Une femme pour être plus précis. La seule, en somme, à dépasser ce cap depuis le début du pluralisme en Algérie. Louisa Hanoune, qui avait boycotté la présidentielle de 1995 et exclue de celle de 1999, illégalement soutient-elle mordicus, a finalement réalisé le fantastique rêve de pouvoir mener campagne et entrer en polémique directe avec les ténors de la politique algérienne, y compris le président Bouteflika. Avec pas moins de 100102 signatures dûment contrôlées, émanant de toutes les wilayas du pays, Louisa Hanoune a expliqué sa participation par sa volonté de «contribuer à résoudre les nombreux problèmes que vit l'Algérie». Et de mettre en avant sa «confiance en le peuple algérien, capable de se prendre en charge et de résoudre tous les problèmes auxquels il fait face dans le cas où sa souveraineté lui est restituée». Selon d'autres sources proches du PT, cette consécration «constitue une suite logique de la progression régulière de ce parti, favorisée par la constance de ses positions et le capital-sympathie qu'il a acquis auprès des larges couches défavorisées de la société».