Bouteflika, Benflis, Hanoune, Djaballah, Rebaïne et Sadi sont admis à mener campagne en vue d'accéder à la magistrature suprême du pays. Après juste une semaine de suspense et d'attente fiévreuse, le verdict du Conseil constitutionnel a fini par tomber hier, en début de soirée. Désormais, six candidats sont retenus officiellement pour mener campagne dans la course à la magistrature suprême. En plus de Bouteflika, qui cherche à succéder à lui-même, sont définitivement retenus Ali Benflis, secrétaire général du FLN, Louisa Hanoune, secrétaire générale et porte-parole du PT, Saâd Abdallah Djaballah, président du mouvement El-Islah, Ali-Fewzi Rebaïne, président du parti Ahd 54 et, enfin, Saïd Sadi, président du RCD. Les candidats éliminés, donc, sont Ahmed Taleb-Ibrahimi, président du mouvement Wafa, Sid-Ahmed Ghozali, président du FD (Front démocratique) et Moussa Touati, président du FNA. Respectant les règles de la «transparence» qu'il avait adoptées, Mohamed Béjaoui, président du Conseil constitutionnel est descendu aux environs de 20 heures donner lecture de ce verdict aux nombreux journalistes venus faire le pied de grue dès que la rumeur s'est amplifiée jusqu'à acquérir la valeur de l'information confirmée. Béjaoui, qui n'a pas cité les noms des candidats éliminés, s'est également refusé à formuler le moindre commentaire puisque la loi l'y autorise et lui accorde d'exorbitants pouvoirs discrétionnaires. Le sort en est jeté désormais. Le Conseil constitutionnel, selon la loi, rend des verdicts sans appel, et qu'il n'est même pas tenu de justifier. Un homme comme Taleb, qui avait dépassé de loin Bouteflika en 1999, selon les sondages des services de sécurité, se ferait exclure sans qu'aucune explication lui soit fournie alors qu'hier encore, rencontré au siège de sa permanence, il nous avait assurés avoir «largement dépassé le cap des signatures exigées en dépit des énormes contraintes rencontrées», ajoutant que «toute exclusion de ma candidature ne saurait être que politique». Selon des sources sûres et concordantes, la décision finale avait été arrêtée par les membres du Conseil constitutionnel dimanche, à une heure avancée de la nuit. Le report de l'annonce pour la soirée d'hier aurait visé à sonder l'opinion publique, mais aussi les candidats exclus, ainsi que les chancelleries internationales, qui suivent de très près les développement de la situation politique dans notre pays. La rumeur avait même circulé que Taleb allait être «racheté» dans le but de «fragmenter» les voix islamistes oubliant sans doute que celui qui a fait le plus d'appels du pied aux islamistes radicaux n'est autre que le président-candidat. Mohamed Saïd, joint hier à la permanence, a considéré cette élimination comme «une victoire puisqu'elle a contribué à mettre à , ière beaucoup plus évidente, le coup de force électoral en train de se préparer». Un communiqué doit être rendu public en ce sens dès aujourd'hui alors qu'une conférence de presse devrait avoir lieu au début de la semaine prochaine. Au regard de la composante humaine des candidats en lice, la probabilité qu'un second tour ait quand même lieu n'est toujours pas écartée. Une éventualité qui déplaît foncièrement aux proches de Bouteflika. Benflis et Djaballah, en l'absence de Taleb, sont tous deux présidentiables, capables de dépasser la barre des 15/20 % dès le premier tour. Cela ne laisse pas une large marge de manoeuvre pour les 50% du candidat Bouteflika face à Louisa Hanoune qui promet encore pas mal de surprises et de remontée dans les scores lors de sa campagne électorale. Un Fewzi Rebaïne qui doit cette percée à sa constance et à son franc-parler patriotique qui a le don de séduire les foules et de gagner la confiance et la sympathie des orateurs et, enfin, un Saïd Sadi dont la présence et les actions au sein du groupe des dix lui ont assuré une bien meilleure représentativité à l'échelle nationale.