Le documentaire auquel on nous a habitué sur notre chaîne Unique est, malgré son côté instructif et la quantité d'information qui recèle souvent plat. Seules, échappent à cette catégorie, ceux qui ont une charge d'émotion capable d'éveiller l'attention d'un téléspectateur désabusé. La linéarité du récit, le manque d'anecdotes savoureuses, la langue de bois et le souci de préserver les susceptibilités sont autant de facteurs qui rendent un documentaire rébarbatif. Arte vient de diffuser une excellente reconstitution historique de la résistance parisienne contre l'occupant nazi. Cette lutte a surtout été menée par la main d'oeuvre immigrée qui avait été prise en charge par le parti communiste français qui déclencha l'action armée au lendemain de l'invasion de l'URSS par l'Allemagne. «L'affiche rouge» est l'un des meilleurs poèmes d'Aragon qui a célébré le sacrifice de ces travailleurs aux noms étrangers. Le cinéaste a réuni les survivants qui sont pour la plupart, des artisans et qui sont retournés à leurs occupations premières après avoir mené la vie dure à l'occupant. Ils ont humblement expliqué leur tactique, leur rôle, leur grade sans gloriole avec le sentiment du devoir accompli. Ils se déclarent toujours prêts «à refaire le même chemin, si c'était à refaire». Les anecdotes particulières ne manquent pas ni l'angoisse de «la première fois», ni les aveux de lâcheté, ni des anecdotes savoureuses... Des accusations sont mêmes lancées contre les responsables du PCF de l'époque qui aurait «vendu» les 200 partisans du groupe «manochiau» arrêtés dans une rafle par la gestapo. Ceci pour que la résistance ait un cachet purement français. Comme par exemple, ce tailleur juif, qui après avoir lancé une bombe contre un barrage SS, s'est aperçu quelque temps après que son complice: ce n'était pas dû une blessure mais à une hémorragie hémorroïdale... Il y a aussi des anecdotes savoureuses, voire comiques. Cela me fait pense à Smaïl Amokrane qui a interviewé un ancien moudjahid (dans Lumière sur la wilaya de Tizi Ouzou) sur une célèbre bataille dans la région. Le moudjahid avait déclaré être blessé. «Où as-tu été blessé?» a dit Smaïl Amokrane étonné de voir son interlocuteur qui paraissait en bonne santé et complet. L'ancien moudjahid, embarrassé a lancé alors en riant: «F'douzane». C'est un film que l'on suit avec le même intérêt qu'un film policier. Il faut saluer la justesse des reconstitutions et la qualité des archives. Ce qu'il faut saluer, c'est surtout la modestie de ceux qui «sans fortune, sans parchemin, sans gloire se sont mis en chemin», vers leur métier premier, riches d'une expérience. Sans attestation communale, sans désir de partager le pouvoir.