La campagne électorale pour les partielles en Kabylie s'achève comme elle a commencé, pour les médias lourds. C'est-à-dire sur un ton monocorde. Les partis de l'Alliance présidentielle, que sont le FLN, le RND et le MSP, et leurs cortèges de ministres et autres personnalités ont crevé l'écran de la télévision nationale durant tous leurs périples et pendant 21 jours. Ils ont aussi monopolisé les ondes des trois chaînes radio. Les médias publics ont donc fait la part belle aux partis du triumvirat au Pouvoir au détriment des partis de l'opposition, étrangement absents des couvertures journalières de l'ENTV, mais quasiment des trois chaînes radio, y compris la chaîne d'expression berbère ! En l'occurrence, les médias lourds de l'Etat se sont distingués par un traitement très léger de la réclame politique du RCD et du FFS notamment. Il en a été ainsi, d'ailleurs, de la conférence de presse de Saïd Sadi et de celle de Karim Tabbou, qui ont été passées sous silence par la télévision. Plus grave encore, la radio Chaîne II a curieusement fait l'impasse sur le compte-rendu de la conférence de presse du chef du RCD, bien que le journaliste de cette radio ait couvert l'événement. Les téléspectateurs de Kabylie et d'ailleurs auront certainement noté la quasi absence d'images pour les activités de campagne de ces deux partis. S'il est vrai que le discours véhiculé par les candidats et les responsables de ces deux partis ne cadre pas spécialement avec le discours politique ambiant, rien ne justifie un tel traitement inique et unique à des partis, algériens du reste, qui plus est en campagne électorale. Le parti-pris flagrant des médias lourds, qui agissent, on s'en doute, sur instruction, est injustifiable. Résultat des courses, à la place d'un débat contradictoire et des joutes oratoires qui auraient pu éclairer la lanterne des citoyens de cette région, hésitant sur les engagements des uns et des autres, les électeurs ont eu droit via l'unique à un discours monocorde et à un chassé-croisé des candidats des partis de l'Alliance présidentielle. Même la chaîne Berbère TV, le seul espace de liberté, n'a pas été autorisée à couvrir cette campagne puisque son matériel a été bloqué à l'aéroport d'Alger. La télévision nationale a, certes, habitué ses téléspectateurs à ses couvertures partiales selon les puissants du moment, mais c'est la première fois sans doute qu'elle fait l'impasse presque totale sur les activités des partis engagés dans des élections, sacrifiant ainsi sa mission théorique de service public. Aux partis de la coalition elle a réservé l'écran total et à ceux de l'opposition un écran de fumée. Un écran noir.