Les couples présidentiels américain et sud-africain, M.et Mme Obama et M.et Mme Zuma Le président américain Barack Obama a effectué hier un pèlerinage au bagne de Robben Island, au large du Cap, où Nelson Mandela, actuellement entre la vie et la mort, a été emprisonné durant dix-huit ans. En visite en Afrique du Sud, dans le cadre d'une tournée sur le continent, Barack Obama devait annoncer dans la soirée l'organisation, l'année prochaine aux Etats-Unis, d'un sommet de dirigeants africains, pour la première fois sur le sol américain. Il doit également dévoiler un grand projet de 7 milliards de dollars destiné à améliorer la production d'électricité en Afrique subsaharienne. Arrivé en fin de matinée au Cap, le président a mis le pied vers 14h00 (12H00 GMT) sur l'île-bagne de Robben Island avec sa femme Michelle et ses deux filles Malia et Sasha. Leur visite sera d'autant plus poignante que Nelson Mandela, qui va bientôt avoir 95 ans, est hospitalisé depuis plus de trois semaines pour une nouvelle infection pulmonaire, et se trouve dans un état critique depuis plusieurs jours. L'ancien héros de la lutte anti-apartheid et premier président noir, Nelson Mandela a passé six semaines à Robben Island en 1963, puis près de dix-huit ans de juillet 1964 à mars 1982. Il a ensuite été transféré dans d'autres prisons des environs jusqu'à sa libération en février 1990. Il a passé en tout vingt-sept ans dans les geôles du régime raciste. «Je suis content que vous alliez visiter mon ancien chez-moi, Robben Island», a lancé à son hôte américain, samedi lors d'un dîner de gala, le président sud-africain Jacob Zuma, qui lui-même a été détenu pendant dix ans dans ce sinistre bagne. «Ce qui est important, c'est d'emmener votre famille avec vous. Vos charmants enfants doivent savoir ce qu'ont enduré Madiba et tous les combattants pour la liberté», a-t-il ajouté, appelant Mandela de son nom de clan, affectueusement adopté par de nombreux Sud-Africains. Sur l'île, la famille Obama sera guidée par Ahmed Kathrada, 84 ans, un ancien camarade de détention du héros de la lutte anti-apartheid. Le président américain doit ensuite rencontrer l'ancien archevêque anglican du Cap et prix Nobel de la paix Desmond Tutu, 81 ans, dans le centre que celui-ci a fondé pour soutenir les jeunes séropositifs. Il prononcera enfin le principal discours de sa tournée africaine depuis l'Université du Cap (UCT). Il doit y annoncer un plan de 7 milliards de dollars sur cinq ans destiné à doubler l'accès à l'électricité, selon la Maison-Blanche. Plus des deux tiers de la population de l'Afrique subsaharienne vivent sans électricité, et plus de 85% des habitants des zones rurales n'y ont pas accès, selon la Maison-Blanche. «Power Africa va s'appuyer sur l'énorme potentiel énergétique de Afrique, y compris les nouvelles découvertes de vastes réserves de pétrole et de gaz, et sur le potentiel de développement d'énergies propres, géothermique, hydroélectrique, éolienne et solaire», a expliqué la présidence américaine. Les Etats-Unis vont d'abord travailler avec l'Ethiopie, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Nigeria et la Tanzanie, des pays affectés par des coupures fréquentes. Le président américain devrait également annoncer la tenue en 2014 d'un sommet Afrique-Etats-Unis, «le premier du genre», selon le conseiller adjoint à la sécurité de la Maison-Blanche, Ben Rhodes. «Ce que nous voulons faire, c'est poursuivre sur la lancée des engagements de haut niveau que nous prenons lors de cette visite», a ajouté M.Rhodes, précisant que l'idée était «de rassembler les chefs d'Etat d'Afrique sub-saharienne à Washington». Barack Obama, dont le père était Kenyan, ne s'est rendu qu'une fois en Afrique sub-saharienne, lors d'une brève halte au Ghana, depuis son accession à la présidence. Face à la percée de la Chine et d'autres puissances émergentes, ses conseillers économiques l'ont pressé de renforcer la présence diplomatique américaine sur le continent.