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Le gouverneur de Kidal est reparti aussi vite qu'il est venu
A CAUSE DES TENSIONS QUI DEMEURENT VIVES DANS LA VILLE
Publié dans L'Expression le 13 - 07 - 2013

La ville du nord, Kidal, demeure le noeud gordien de l'imbroglio politique et électoral au Mali
Le retour à Bamako du gouverneur, le colonel Adama Kamissoko, a été confirmé par une source africaine de la force de l'ONU au Mali (Minusma), qui a dit qu'à son arrivée il y avait «vraiment de la tension».
Le gouverneur de Kidal, fief des Touareg dans le nord-est du Mali, a effectué jeudi un retour avorté de quelques heures dans la ville où il devait préparer le premier tour de la présidentielle du 28 juillet, à cause des tensions provoquées par la présence de l'armée malienne. «Le gouverneur de Kidal, qui est arrivé aujourd'hui, est reparti en fin d'après-midi par l'avion qui l'a amené» de Bamako, a affirmé une source militaire malienne, parlant, sans les donner, de «raisons stratégiques» à ce départ. Le retour à Bamako du gouverneur, le colonel Adama Kamissoko, a été confirmé par une source africaine de la force de l'ONU au Mali (Minusma), qui a dit qu'à son arrivée il y avait «vraiment de la tension». Interrogé peu après son arrivée, le gouverneur, accompagné de plusieurs autres responsables régionaux, avait déclaré que «les locaux du gouvernorat» étaient «occupés par des groupes armés» qu'il n'avait pas nommés. Il n'avait pas exclu un retour à Bamako, «avant de revenir». Ce retour du gouverneur pour préparer le premier tour de la présidentielle du 28 juillet, devait marquer celui de l'administration centrale malienne, absente de Kidal (située à 1.500 km de Bamako) depuis le début de l'année 2012. L'armée malienne avait alors été mise en déroute par une offensive des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) alliés à des groupes islamistes armés de la mouvance Al Qaîda qui avaient occupé tout le nord du Mali, abandonné par les représentants de l'Etat central de Bamako. Les groupes jihadistes ont depuis été en grande partie chassés de la zone par une intervention armée internationale initiée par la France, entamée en janvier et toujours en cours. Mais les tensions restent vives à Kidal entre partisans et opposants du retour de l'armée il y a une semaine. Celui-ci s'est fait parallèlement au cantonnement des combattants du MNLA, conformément à un accord de paix signé en juin à Ouagadougou. Plusieurs manifestations des deux camps ont eu lieu depuis. Deux soldats de la Minusma et un Français, également présents dans la ville, ont été blessés par des jets de pierres et des dizaines d'habitants, affirmant craindre des violences de la part des Touareg, se sont réfugiés dans un camp militaire. Deux civils, grièvement blessés par balles mercredi par des hommes armés, ont dû être évacués vers Gao, la grande ville du nord du Mali située à 300 km au sud de Kidal. Déjà mauvaises avant le début du conflit, les relations entre communautés noires majoritaires au Mali et les «peaux rouges», membres des communautés arabe et touareg, se sont depuis considérablement dégradées, ces derniers étant assimilés aux groupes jihadistes, considérés comme les responsables des malheurs du pays. Le premier tour de la présidentielle, censée amorcer la réconciliation et rétablir l'ordre constitutionnel interrompu par un coup d'Etat en mars 2012, doit en principe se tenir à Kidal à la fin du mois comme dans le reste du Mali. Mais les tensions actuelles et l'impréparation du scrutin dans la ville font craindre qu'il ne puisse avoir lieu comme prévu. Selon un haut responsable malien, «si la situation continue à se dégrader à Kidal, on peut se demander si on peut envisager sur le terrain une campagne électorale, et même des élections» L'armée malienne a accusé le MNLA de violer l'accord de paix de Ouagadougou et le MNLA exige la libération de détenus conformément à cet accord et le départ de Kidal des «milices» anti-touareg qui, accuse-t-il, sont entrées dans la ville avec les soldats maliens. L'émissaire de l'ONU au Sahel, Romano Prodi, s'est dit inquiet mercredi pour le déroulement de la campagne présidentielle, soulignant en particulier le problème du vote des réfugiés et déplacés - environ 500.000 dont on ne sait pas s'ils pourront voter - et la nécessité de meilleures conditions de sécurité.


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