Edward Snowden, l'espion américain qui se trouve depuis plus de trois semaines en zone de transit à l'aéroport de Moscou, ne sait plus quelle attitude adopter. Après avoir demandé une première fois l'asile politique à la Russie, il s'est ravisé pour formuler des demandes similaires à une vingtaine de pays. L'Europe lui a fermé les portes tandis que l'Amérique latine les lui ouvre toutes grandes. Autant les pays européens refusent à le recevoir au point de fermer leur espace aérien, comme l'a fait la France, à l'avion du président de Bolivie (soupçonné de transporter également Snowden) qui rentrait chez lui venant de Moscou, autant les présidents du Venezuela, de Bolivie, du Nicaragua, de l'Equateur, etc font des pieds et des mains pour l'accueillir chez eux. Devant trop de sollicitudes d'un côté et les grandes menaces de l'autre, l'ancien employé de la CIA, donne des signes de panique. Les Etats-Unis cherchent à lui mettre la main dessus. L'administration américaine a «révoqué» son passeport, Snowden se retrouve bloqué et sans papiers, en Russie. Depuis la zone de transit où il se trouve, il a décidé, vendredi dernier, de faire une deuxième demande d'asile à la Russie. Le même jour, le président américain Obama téléphone à son homologue russe, Poutine avec l'affaire Snowden au centre de l'entretien selon l'agence de presse russe Ria Novosti. Malgré tout, Poutine semble prêt à accorder l'asile au fugitif à certaines conditions. Snowden semble prêt à les accepter, car, dit-il «je suis dans l'impossibilité de me déplacer (sans passeport)». L'argument est fragile. Ce n'est pas tant le passeport qui pose problème car tous les pays latino-américains qui ont accepté de le recevoir peuvent lui fournir un passeport. Snowden a plutôt peur d'être arrêté en cours de voyage. Par qui? Il ne le dit pas, mais on devine que le blocage de l'avion présidentiel bolivien en Espagne l'autorise à croire qu'il ne sera pas à l'abri dans un avion quelle que soit sa destination. Donc Snowden doit, aux dernières nouvelles, rester en Russie. Il a dû comprendre qu'il ne sera nulle part en sécurité. Le réseau de WikiLeaks qui l'a pris sous son aile en lui dépêchant une de ses «conseillères» qui l'assiste depuis son départ de Hong Kong, son premier refuge, est en soi une confirmation d'appartenance. Il faut rappeler que celui qui lui envoie la «conseillère», Julien Assange, est lui-même réfugié dans les locaux de l'ambassade de l'Equateur, à Londres, depuis plus d'une année. Rappelons que tous les deux ont divulgué des informations relevant de la sécurité de l'Etat américain. Dans quel but et pour qui roulent ces deux espions ou plutôt ces deux agents très secrets? Le journal électronique Mediapart y voit la main du Mossad (service d'espionnage israélien) qui fait, selon lui, de la devise «vaincre par la tromperie» sa stratégie. Si tel est le cas, c'est Poutine qui doit se frotter les mains. Lui, l'ancien patron des services de renseignements russes sait comment gérer ce genre de situation. Sur ce type de dossier, on note même une certaine complicité entre lui et Obama. Rappelons-nous l'attentat de Boston et les mises en garde préalables que les Russes ont adressé à la Maison-Blanche. Au cours de l'entretien téléphonique de vendredi dernier, les deux hommes ont abordé la question de leur coopération dans la lutte antiterroriste et notamment lors des Jeux olympiques d'hiver qui doivent se tenir à Sotchi (Caucase russe) dans quelques mois. Dans tous les cas de figure, Snowden sait qu'il n'a pas intérêt à continuer son voyage. Il lui a fallu plus de trois semaines pour s'en convaincre. A l'évidence, des pressions l'avaient poussé à renoncer à l'asile en Russie une première fois. Pour éviter que Poutine, en bon spécialiste, ne «rentabilise» les données de Snowden. Peine perdue!