Les Etats-Unis ont mis la Russie en demeure de lui livrer l'ex-consultant de l'agence de renseignement américaine NSA Edward Snowden, arrivé dimanche à Moscou en provenance de Hong Kong et qui restait introuvable mardi alors qu'il cherche à obtenir l'asile politique en Equateur. Le secrétaire d'Etat John Kerry a appelé mardi la Russie à faire preuve de "calme" et à remettre M. Snowden, soulignant que Washington ne cherchait pas la "confrontation". A l'origine des spectaculaires révélations sur l'espionnage par l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine de communications téléphoniques et internet aux Etats-Unis et à l'étranger, Edward Snowden est considéré comme un traître par Washington qui a demandé son arrestation, pour l'instant sans succès, à Hong Kong et Pékin, puis Moscou. Selon le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, le jeune technicien américain, dont les Etats-Unis ont invalidé le passeport, est porteur de "papiers de réfugié" délivrés par l'Equateur. Il est "en bonne santé et en sécurité", a-t-il affirmé lundi, sans préciser où il se trouvait, dans une conférence par téléphone à l'ambassade d'Equateur à Londres où lui-même est réfugié depuis un an. Très remontée contre Hong Kong qui a laissé partir M. Snowden officiellement pour des raisons juridiques, la Maison Blanche a fermement demandé à la Russie "d'étudier toutes les options à sa disposition pour expulser M. Snowden vers les Etats-Unis". Le président Barack Obama lui-même a déclaré que son pays suivait "toutes les voies légales et travaillait avec plusieurs autres pays" pour obtenir son arrestation. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a menacé lundi la Chine et la Russie de conséquences sur leurs relations avec Washington, en jugeant "très décevant" le fait que l'ancien consultant de la CIA ait pu voyager de Hong Kong vers Moscou. Snowden a "trahi son pays", a affirmé le chef de la diplomatie américaine, en visite en Inde. Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a fustigé "un choix délibéré du gouvernement (chinois) de libérer un fugitif en dépit d'un mandat d'arrêt valide". "Cette décision a incontestablement un impact négatif sur la relation" entre les deux pays, a-t-il ajouté. Des sources informées ont indiqué à l'agence Interfax que la Russie étudiait une demande d'extradition présentée par les Etats-Unis. Mais une autre source a déclaré que M. Snowden ne pouvait pas être interpellé et extradé "dans la mesure où il n'a pas franchi la frontière russe", faisant apparemment allusion à la présence du jeune Américain dans la zone de transit de l'aéroport Moscou-Cheremetievo. Les informations contradictoires se sont multipliées toute la journée sur le sort de M. Snowden, qui n'a apparemment pas embarqué à bord du vol Moscou-La Havane, sur lequel il était enregistré et qui a décollé lundi en début d'après-midi. Selon une source proche du dossier citée par l'agence Interfax, il a sans doute déjà quitté la Russie. "Il a pu prendre un autre vol. Il est peu probable que les journalistes aient été témoins du décollage de son avion", a dit cette source. Mais une autre source au sein des services de sécurité de l'aéroport a affirmé à l'agence officielle Itar-Tass que l'Américain se trouvait encore dans la zone de transit de Cheremetievo. Snowden était censé partir à Cuba pour rejoindre ensuite l'Equateur où il a demandé l'asile politique. Il s'était réfugié à Hong Kong le 20 mai après avoir quitté son domicile de Hawaï où il travaillait pour un sous-traitant de la NSA. Dans un entretien avec le South China Morning Post réalisé le 12 juin mais publié ce mardi, Edward Snowden affirme s'être fait recruter par la firme Booz Allen Hamilton dans le but de recueillir des preuves des activités de la NSA. "Mes fonctions au sein Booz Allen Hamilton me donnaient accès aux listes de machines (ordinateurs, téléphones portables, NDLR) espionnées à travers le monde par la NSA", a-t-il déclaré au quotidien anglophone de Hong Kong. "C'est pour ça que j'ai accepté le poste il y a trois mois", a-t-il expliqué. L'entreprise a licencié le jeune Américain après les premières fuites dans la presse. Inculpé notamment d'espionnage, Edward Snowden encourt 30 ans de réclusion aux Etats-Unis. Le président équatorien, Rafael Correa, a annoncé lundi que son pays analyserait "avec une très grande responsabilité" la demande d'asile d'Edward Snowden. "Nous prendrons la décision que nous estimons la plus adaptée dans le respect absolu de notre souveraineté", a ajouté M. Correa sur son compte Twitter. L'Equateur a déjà accordé l'asile à Julian Assange, lui-même recherché par les Etats-Unis pour avoir publié en 2010 des centaines de milliers de documents diplomatiques confidentiels.