C'est juré, c'est promis : dorénavant, nous ne raterons aucune conférence de presse de M.Abdelhamid Berchiche, ministre de la Jeunesse et des Sports. Dans la longue liste de ceux qui l'ont précédé - et le secteur en a vu de toutes les couleurs - il est assurément l'un des plus - on cherche le mot juste - voilà... l'un des plus spontanés. Disons-le tout de suite, il n'y eut ni révélations, ni chiffres, ni esquisses d'un projet novateur. Mais alors de quoi il a parlé pendant plus de deux heures? De tout. D'abord de la jeunesse qu'il adore. Là on apprend qu'il a bien lu les textes qui fixent les attributions du MJS qui concernent pour 70% la jeunesse. Pour lui, le problème essentiel de la jeunesse est celui du déficit en communication. Extrait: «Faute de communication avec les pouvoirs publics, les jeunes vivaient dans la désespérance. Certains mauvais génies en ont profité...». On comprend aisément qui sont les mauvais génies. Et pour clarifier les choses et éviter l'amalgame, il précise tout de suite qu' il est croyant et pratiquant... Il nous fait même savoir qu'il est issu d'une zaouia. Ces jeunes qui sont devenus des «zombis» (c'est le mot du ministre ) par la faute aussi des parents, que faut-il faire pour leur ouvrir l'horizon? C'est simple: communiquer avec eux. Extrait: «Au niveau du MJS, nous avons mis 1100 points d'écoute. Nous ne pouvons pas satisfaire leurs revendications, mais on leur explique que ce n'est pas faute de bonne volonté, mais c'est une question de moyens: nous sommes en pleine crise économique.» Là, nous avons cru mal entendre: avec 22 milliards de dollars dans les caisses, jamais l'Etat algérien n'a été aussi à l'aise. Alors? Mettons que le ministre s'est laissé emporter par sa spontanéité. Comment occuper les jeunes? Par les loisirs, voilà c'est pas sorcier! D'ailleurs, nous fait-il remarquer, le sport, c'est un antistress... Mais où pratiquer le sport? Là, M.Berchiche avoue qu'il n'y a pas assez d'infrastructures pour accueillir les jeunes. Et que les moyens continuent à manquer. Pour lui, s'il fallait choisir entre la construction de 20 barrages ou des complexes sportifs, il a beau avoir en charge le sport et la jeunesse, il choisirait la première option. L'intérêt de tout le monde avant celui du secteur. C'est une constante de M.Berchiche: aussi loin qu'on se rappelle du dirigeant sportif (il a été le fondateur de la fédération de karaté), il n'a jamais été sectaire. Concernant les complexes sportifs, il dit sa préférence pour les petites unités de proximité. A peine a-t-on abordé le chapitre que le ministre laisse éclater son indignation: «On donne aux clubs de l'argent pour la formation des jeunes. Et où va cet argent? Dans l'achat de joueurs à des prix exorbitants! Désormais l'Etat va contrôler chaque sou qu'il verse. Et gare à ceux qui détournent les subventions à d'autres fins...». Désormais priorité sera donnée aux clubs qui ont des centres de formation. Même si les propos du ministre ont semblé décousus (c'est lui qui le dit), il n'en demeure pas moins, par son style direct et coloré, très sincère.