Ses compagnons d'armes brossent de lui un portrait fort élogieux Il fait partie des héros de la Révolution, mais ses décisions parfois très controversées ont jeté le discrédit sur la Wilaya IV historique. Le nom de Salah Zaâmoum reste étroitement lié à la Wilaya IV historique. Ses compagnons d'armes brossent de lui un portrait fort élogieux, en le classant parmi les héros qui ont écrit en lettres d'or l'histoire de la Révolution. A l'inverse, ses détracteurs le fustigent, l'accusant d'avoir trahi celui-ci, en acceptant de rencontrer l'ennemi sans en référer aux instances supérieures. Intervenant à l'occasion du Forum de la mémoire organisé, hier, en la mémoire de son père mort le 21 juin 1961 dans les maquis de M'chedallah, Rabah Zaâmoum réfute ces accusations, soulignant que ceux qui les colportent tentent de falsifier l'histoire de la Révolution et régler leurs comptes avec la Wilaya IV historique. Selon lui, l'histoire de la révolution est une succession de coups bas et de trahisons. Se référant à la proclamation du 1er Novembre et au Congrès de la Soummam, le conférencier s'interroge pourquoi certaines de ses résolutions ont été remises en cause? Citant l'exemple de la primauté du politique sur le militaire de l'intérieur sur l'extérieur, il pointe un doigt accusateur en direction du CEE et de ceux qui étaient contre l'organisation du congrès, qui ont trahi, confie-t-il, les idéaux de Novembre. Retraçant le parcours suivi par son père, l'orateur a précisé que Salah Zaâmoum est un militant de la première heure. Après avoir milité au sein du PPA-Mtld, il devient un membre actif de l'OS. Arrêté en 1953 et torturé atrocement pour avoir établi de fausses cartes d'identité à des militants, il est libéré une année plus tard et prend la direction du maquis pour prendre part au déclenchement du 1er Novembre. Affecté à la Wilaya IV historique, il se fait vite remarquer par ses supérieurs qui lui confient plusieurs missions, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de la wilaya. A la mort de Si Mohamed, il est désigné chef et prend une série de mesures pour redonner le moral à ses troupes qui souffraient du manque d'armes et de munitions, mais pour le colonel Zaâmoum, ce sont les dissensions entre l'armée de l'intérieur et celle de l'extérieur qui l'inquiétaient le plus. Il le fait savoir en critiquant sévèrement le FLN, qui mène, selon lui, une vie de pacha à l'extérieur de la Wilaya IV, abandonnant l'armée de l'intérieur à son sort. Pour Lakhdar Bouregaâ qui, lui aussi, a voulu apporter son témoignage en levant le voile sur la fameuse réunion à laquelle avaient pris part trois officiers de l'ALN, membres de la Wilaya IV historique à l'Elysée avec le général De Gaulle, il a d'emblée démenti la thèse selon laquelle Zaâmoum a trahi. Persuadé que cette rencontre entre l'ALN et les autorités françaises avait hâté le processus d'indépendance de l'Algérie, il a révélé qu'avant de prendre langue avec De Gaulle, les responsables de la Wilaya IV historique avaient informé les autres wilayas et leur avaient demandé leur avis. Evoquant ensuite les dissensions et les problèmes qui minaient la révolution, ̈M.Bouregaâ les impute à la suspicion qu'avaient les combattants à l'intérieur vis-à-vis de la délégation extérieure. Dans un poignant témoignage, un autre compagnon d'armes a confié qu'un jour il avait trouvé le colonel Salah Zaâmoum en larmes. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu: «Les responsables de l'extérieur mènent la belle vie, pendant que nous, nous vivons l'enfer.»