La justice a tranché Le juge demande à l'un des accusés: «Quelles ont été les dernières phrases prononcées par Haroun avant que tu ne l'assassines?» Froid, l'accusé réplique: «Mama me manque...» Effroyables moments d'émotion hier au tribunal de Constantine où se déroulait le procès des trois complices impliqués dans l'enlèvement, la séquestration, le viol et l'assassinat des deux enfants Brahim et Haroun, âgés de 9 et 10 ans à la nouvelle ville d'Ali Mendjeli, le mois de mars de l'année en cours. Le juge demande à l'un des accusés: «Quelles ont été les dernières phrases prononcées par Haroun avant que tu ne l'assassines?» Froid, l'accusé réplique: «Mama me manque, je veux la voir...» A ces paroles prononcées par le présumé assassin, un cri strident déchire la salle d'audience, c'est la maman de l'enfant qui vient de s'écrouler... Même la magie des mots ne pouvait décrire l'atmosphère qui dominait hier le tribunal criminel de Constantine. Alors qu'une importante foule attendait à l'extérieur, bien encadrée par les forces de la police, à l'intérieur des mesures de sécurité exceptionnelles ont été appliquées. Le procureur de la République a requis la peine capitale pour les deux accusés, Hamza et Lamine et la perpétuité pour Bilal. A l'évidence, il s'agit d'une affaire qui a bouleversé tous les Algériens, mobilisé le gouvernement et a fait réagir la classe politique. Certains qui ont assisté au procès avaient du mal à contenir leurs larmes, notamment au moment où la maman de Haroun demandait au juge qui présidait le procès de savoir par ses tueurs qu'a pu dire son enfant avant qu'on ne lui ôte la vie? Elle n'aura pas de réponse, les assassins de son enfant sont tellement faux, qu'ils peuvent lui dire n'importe quoi! Dans la salle d'audience, la presse régionale et nationale était présente en force. Certains organes ont envoyé jusqu'à trois représentants avec photographes. 10 heures, le procès s'ouvre. Après une lecture de l'arrêt de renvoi par un greffier, rappelant les faits de ce regrettable drame, le premier accusé, à savoir Hamza Oubira né en 1992, nie les faits retenus à son encontre pourtant avoués durant toute l'enquête assurée par la police et le magistrat instructeur. Il a cru capable de tromper la vigilance du juge qui ne tarde pas à le mettre mal à l'aise en le gênant par des questions directes, tout en suivant sa logique. L'accusé est aussitôt dans la contradiction qui l'empêche même de s'en sortir de ses propres déclarations mensongères. Dans les faits qui lui sont reprochés, le juge lui rappelle qu'il est devant la justice pour répondre des chefs d'inculpation, de kidnapping, viol sur mineurs et homicide volontaire avec préméditation. Le mis en cause avait usé de la naïveté des deux petits garçons pour les conduire dans un appartement qu'il louait à la nouvelle ville au moment où ils jouaient sous prétexte qu'il allait leur donner un petit chiot! Mais une fois à l'intérieur, c'est le cauchemar pour les deux petits anges. Ils seront sexuellement abusés par ce criminel et repris de justice, enfermés dans la salle de bains avant d'être assassinés trois jours plus tard. Son principal complice Gouassmia Lamine qui a tenté également de nier certaines accusations pour échapper a priori à la peine capitale sera, à son tour, piégé par les questions de la cour. Il est inculpé pour les mêmes chefs d'accusation. Quant au troisième complice, cité par la justice il était au courant de l'enlèvement et les sévices commis contre les deux enfants par le premier accusé, mais n'en dira rien. Il a été démasqué suite aux appels au premier accusé, dépassant la vingtaine. Les témoins se sont succédé devant le juge dont le médecin légiste qui confirme l'assassinat des deux petits garçons avec une ceinture, le médecin légiste signale les traces de lutte sur le corps des deux garçons qui se sont débattus avant d'être assassinés. Il affirme également la présence de l'eau sur le corps des deux victimes. Les prélèvements relevés sur ces deux derniers prouvent la présence de spermatozoïde des deux assassins, ce qui confirme les viols multiples qu'ils ont subis durant toute leur séquestration. La disparition des deux petits avait mobilisé toute la ville d'Ali Mendjeli qui est sortie aux côtés de la police à leur recherche. Mais, hélas l'irréparable a été commis, deux petits anges sont partis, juste parce qu'ils étaient à un endroit fréquenté par des repris de justice, accros à la drogue et aux actes contre nature comme souligné dans l'arrêt de renvoi qui ne rapporte que leurs aveux. Ils sont partis laissant derrière eux des parents meurtris et une population traumatisée, au point où l'avocat de la partie civile, Maître Bghaidja ne manquera pas de les comparer aux actes barbares ayant prévalu durant les années 1990. L'avocat rappellera les circonstances douloureuses dans lesquelles ont été tués les deux garçons, la tristesse qui a accompagné désormais leur famille, mais surtout le triple acte criminel gravissime des accusés. Le tribunal a condamné à la peine capitale Hamza et Lamine et Bilal à 10 ans de prison.