La rencontre de deux univers qui font écho Amel Zen, en première partie, a mis le feu sur la scène de Well Sound en interprétant plusieurs morceaux de son nouvel album ainsi que des reprises tel Alaoui de l'ONB et Abdelkader ya Boualem. La belle Natasha Atlas était de retour à Alger, mercredi dernier, en compagnie de nouveaux musiciens pour présenter Maqam Project. Une belle expérience musicale menée avec différents musiciens de nationalités diverses. On citera Smadj, musicien français d'origine tunisienne, l'initiateur du projet, au oud, Samy Beshaï, un violoniste égyptien vivant à Londres, un Turc à la tabla indienne, un def iranien et enfin un flûtiste. Pas beaucoup de monde certes ce soir-là au nouveau chapiteau du Hilton, mais qui a dit que cette musique s'adressait aux foules? Intimiste et expérimentale, elle aurait gagné à s'écouter dans une salle restreinte loin des tintamarre des nuits ramadhanesques. Mais passons. Aussi, quelques contraintes techniques décidément viendront taquiner le déroulement du concert. Mais la sono donnera raison à Natacha Atlas qui, un peu de temps passé, se met enfin dans le bain et se lâchera sur scène. Particulièrement lorsqu'elle se lèvera pour danser à l'orientale, chanter en a capella presque Mon amie la rose en totale complicité avec son invité surprise, le beau Sofiane Saïdi, originaire de Sidi Bel Abbès qui gratifiera le public de sa voix rauque de quelques morceaux du terroir dont Bakhta. «Le projet est né suite à une tournée au USA. C'est une commande d'une maison de culture de musique classique qui s'appelle le Palais des beaux-arts de Bruxelles. Ça fait longtemps que je travaille avec eux sur différents projets. Et où je leur ramène différents projets qui peuvent avoir des consonances turques, jazzy, ou encore de musique gitanes et là, ils invitent les artistes à développer quelque chose autour des maqams. Ce sont énormément de gammes qu' on utilise pour se parler entre nous. Se dire qu'on passe d'un tel mode à tel mode et ça nous donne comme pour les musiciens de jazz ou de classique des repères pour comprendre les compositions et comment il faut improviser», souligne Smadj et de renchérir. «Quand tu parles à un musicien turc ou arabe l'important pour eux ce sont les mélodies et l'improvisation est en second plan. Moi je prends le chemin inverse. C'est-à-dire que la mélodie est un prétexte. On l'utilise pour montrer les maqams qu'on va improviser dessus, qu'ils viennent d'Inde, qu'ils soient plutôt jazz etc, c'est ça qui est important pour nous dans le projet, c'est de montrer qu'on a des piliers où l'on fait ce qu'on veut, nous les musiciens, en termes d'improvisation. C'est important de le montrer dans les pays où on ne connaît pas du tout ce vocabulaire. C'est une expérimentation autour de Samy et Natacha, de mes compositions, sur des morceaux de musique traditionnelle. Pour nous, c'est une manière de montrer que cette musique est très ouverte, elle est toujours en mouvement, en développement et c'est vivant et pas du tout une langue morte, car il y a beaucoup de musiciens très traditionnels qui se figent dans une certaine rigueur sur les maqams. Il n'y a pas un chemin obligé, il y a des troncs communs et on en fait une musique ouverte de notre temps.» Interrogée sur sa musique, Natacha Atlas confie pour sa part: «J'adore les musiciens turcs car ils sont très ouverts. Leur gamme a un lien avec la musique arabe. Ils ont leur mode comme ici en Algérie. Il y a de la magie qui passe, tout le monde se lance. Il y a un feeling et on se laisse y aller...» A propos du choix de l'artiste Sofiane Saâdi avec lequel elle a déjà signé un duo intitulé Ouli ya shabi, l'égypto-Belge reconnaîtra aimer la façon qu'a Sofiane de chanter. «Il est très proche de la chanson orientale comme tous les Algériens. Il a son style à lui. Une belle voix. Parfois il me fait penser à Farid El Atrache. Cela dit, c'est important que chaque artiste garde son authenticité vocale et les particularités de ses propres influences..». Aussi, dans le Maqam Project il n'était pas étonnant d'écouter un mix de musique orientale fusionné à quelques notes electro, rehaussé par la douceur percussive de la tabla indienne dans un mélange harmonieux des plus subtils. Et comme dirait Natacha «c'est ça la magie!». En première partie de spectacle, la jeune chanteuse qui monte, Amel Zen, a assuré le show comme une grande! Elle présentera les différents morceaux de son album où l'on distingue différentes sonorités, du rythme kabyle en passant par le raï et le flamenco. Cette jeune chanteuse qui vient du monde de la musique andalouse a opéré son virage artistique avec succès. Depuis «Alhan wa chabab» elle connaît une certaine maturité évidente qui l'a propulsée au-devant de la scène. Retro et endiablé, son album s'écoute avec plaisir. Amel Zen a mis le feu aussi sur la scène de Well Sound en interprétant également d'autres titres tels Alawoui du groupe ONB ou encore Abdelkader ya Bouelam incitant les gens à danser. Du talent, de la fraîcheur et de l'énergie elle en a assurément. On lui souhaite une longue et riche carrière...