Le hayek, habit traditionnel algérois, et les raisons de sa disparition du paysage vestimentaire étaient au coeur de l'exposition «Il était une fois, hayek d'antan» du photographe de mode Hamza Aït Mikideche, dit Mizo, inaugurée jeudi à Alger. Composée de six photographies, l'exposition qui se tient jusqu'au 10 août à la galerie Ezzou'art du Centre commercial de Bab Ezzouar à Alger, a attiré un nombre respectable de visiteurs parmi les nombreux clients du centre. Sur six portraits de jeunes femmes vêtues de hayek, le photographe a, à chaque fois, placé un objet spécifique sur les yeux de son modèle réveillant la curiosité des visiteurs qui se sont focalisés sur cette particularité au-delà du modèle posant en hayek. Selon le concept du photographe, chaque objet symbolise une des raisons qu'il juge responsable de la disparition de cet élément identitaire qui reflète une partie de l'habit traditionnel algérien. En premier, de la dentelle noire recouvre les yeux du modèle, grande contradiction avec la longue étoffe de soie claire, une photo qui symbolise aux yeux de Mizo la mode et ses labels, «première raison d'abandon et de remplacement» du hayek. L'évolution technologique et l'influence des médias et des «images venues d'ailleurs», sont aussi des facteurs représentés par le photographe par des composants électroniques formant des lunettes opaques sur le visage de son mannequin. L'émancipation, «sans y porter de regard négatif, bien au contraire», a aussi encouragé la femme algérienne à essayer et adopter d'autres codes vestimentaires au détriment du hayek, un avis que Mizo représente par un portrait inspiré d'une Pin up américaine des années 1940 avec un look d'ouvrier enveloppé dans un hayek qui tient à peine sur ses épaules. Un regard noir gorgé de douleur a aussi attiré l'attention des visiteurs, dans l'un des portraits, le modèle est présenté en larmes avec du mascara dégoulinant qui accentue la douleur véhiculée par la photo, à travers laquelle Mizo incombe à la «tragédie nationale une partie de la responsabilité de l'adoption d'un code vestimentaire étranger». Malgré le nombre modeste de photographies exposées, Hamza Aït Mikideche a souhaité, à travers ce montage exprimer son «attachement à l'identité algérienne par le biais de son métier» de photographe de mode. Le photographe a confié que, contrairement aux représentations connues du hayek dans l'art, «cette série de photos représente pour lui une manière esthétique de montrer que les femmes s'en sont, petit à petit, défaites». L'exposition «Il était une fois, hayek d'antan» se poursuivra jusqu'au 10 août à la galerie Ezzou'art et devrait intégrer une autre exposition sur le hayek au Musée du Bardo, a indiqué le photographe.