Un commando d'Al Qaîda a lancé hier une attaque meurtrière contre l'armée au Yémen, la première depuis la vague de frappes de drones contre le groupe extrémiste, qui a fait une quarantaine morts en quinze jours. Cinq soldats ont été tués dans cette attaque menée par des «éléments d'Al Qaîda» près du terminal gazier de Balhaf, dans le sud-est du Yémen, a-t-on appris de source militaire. «Les assaillants sont arrivés en voiture au niveau d'un point de contrôle de l'armée proche du terminal de Balhaf. Ils ont ouvert le feu à l'arme automatique, tuant cinq soldats avant de prendre la fuite», a déclaré cette source sous couvert d'anonymat. «Un sixième soldat est porté disparu», a ajouté cette source, sans pouvoir dire si l'homme avait été enlevé par les assaillants. Les soldats tués appartiennent à une unité de l'armée chargée de protéger les installations du terminal situé dans la province de Chabwa et détenu en partie par le géant pétrolier français Total. Mercredi, les autorités yéménites avaient affirmé avoir déjoué un plan d'Al Qaîda consistant à s'emparer de villes et d'installations pétrolières. Selon les informations donnés par les autorités yéménites, Al Qaîda avait l'intention d'attaquer les installations pétrolières de Moukalla, ainsi que de prendre le contrôle de la ville de Moukalla et de la localité voisine de Gil Bawazir, et à défaut de prendre en otage des étrangers travaillant sur les installations pétrolières. Le terminal de Balhaf, par lequel transite l'essentiel des exportations de gaz du Yémen, n'était pas visé, mais le plan prévoyait un sabotage du gazoduc qui alimente le terminal, selon les autorités. L'attaque contre l'armée a suivi de quelques heures une nouvelle frappe de drone qui a visé une voiture au nord d'Aden, la grande ville du sud du Yémen. Deux membres d'Al Qaîda ont été tués, un autre a été blessé et un quatrième est sorti indemne de la frappe qui s'est produite tard samedi dans la localité d'Al-Askaria, a déclaré un responsable de l'administration locale sous couvert d'anonymat. Au total, 38 personnes sont mortes dans ces attaques de drones, selon un bilan établi à partir de sources tribales, militaires et de l'administration locale au Yémen. Les attaques ont eu lieu dans les zones d'implantation d'Al Qaîda au Yémen: l'est de Sanaa, le sud et le sud-est du pays. Les Etats-Unis sont les seuls à disposer de drones dans la région, et les autorités yéménites n'ont jamais clairement démenti l'utilisation de ces appareils contre Al Qaîda et ne cessent de réaffirmer qu'elles collaborent avec leurs alliés pour lutter contre le réseau extrémiste. Parallèlement, Washington a fermé depuis le 4 août plus d'une vingtaine de ses consulats et ambassades au Moyen-Orient et en Afrique en raison d'une menace d'attentats d'Al Qaîda. A l'exception de l'ambassade des Etats-Unis à Sanaa et du consulat américain de Lahore, l'alerte a été levée depuis hier, mais une partie des chancelleries restaient fermées, principalement en raison des célébrations marquant la fin du Ramadhan.