«Aime et publie-le; hais et cache-le.» Proverbe égyptien Alors que la situation est chaotique en Egypte, les médias et télévisions égyptiens, principale soupape du pouvoir du temps de Moubarak et devenus depuis, bouclier du régime Al Sissi, sont en train de mener une guerre médiatique à outrance contre les partisans du mouvement des Frères musulmans. Toutes les télévisions égyptiennes étatiques et privées consacrent leur couverture sur la situation au Caire, en appuyant politiquement et médiatiquement la répression des militaires contre les islamistes du mouvement des Frères musulmans, principal soutien du président déchu Mohamed Morsi. Après avoir fermé toutes les télévisions proches des Frères musulmans, les Egyptiens pro-Morsi n'avaient qu'Al Jazeera pour plaider leur cause. Tous les autres satellites arabes avaient choisi le camp d'Al Sissi: BBC Arabic et France 24 arabic dont la majorité des journalistes sont égyptiens proches du régime du Caire, se sont volontairement posé comme des anti-Morsi, alors que Al Arabya TV a choisi de faire de l'équilibrisme tout en soutenant l'action militaire du général Al Sissi. Pour sa part, la télévision arabo-syrienne de Ben Djeddou Mayadeen TV a zappé le dossier égyptien pour focaliser toutes ses équipes et ses débats sur l'attentat anti-Hizbollah à Beyrouth. Le plus étonnant est que la majorité des intervenants sur les plateaux de télévisions égyptiennes: Al Masrya TV, Nil News, CBC ou encore Al Hayat étaient des généraux égyptiens à la retraite. Ces derniers ont soutenu les yeux fermés la répression anti-islamiste et le massacre de plus de 600 personnes sous prétexte que ces derniers menaçaient la stabilité de l'Egypte. Une télévision privée égyptienne n'a pas hésité à montrer la répression de la police sud-africaine et dire: «Les Sud africains ont tué sous les caméras leur peuple, les Nations unies n'ont pas condamné.» Cette réaction intervient après la convocation du Conseil de sécurité, suite aux évènements en Egypte. Il faut dire aussi que les médias égyptiens alimentent la haine envers certains pays qui ont soutenu le régime Morsi et ses partisans des Frères musulmans. Aucun islamiste ou avocat des droits de l'homme n'a été invité sur les télévisons. Cette guerre médiatique s'est attaquée également aux programmes télévisés, puisque le groupe audiovisuel Panorama a appelé au boycott des feuilletons turcs sur toutes les télévisions égyptiennes et cela pour protester contre les déclarations du Premier ministre turc Tayyip Erdogan soutenant le président déchu Morsi, victime, selon lui, d'un «coup d'Etat». Les Egyptiens ont, pour leur part, décidé de boycotter tous les produits turcs, les magasins, les produits de consommation et autres. «Occupez-vous de ce qui vous regarde», c'est le message que des Egyptiens, de plus en plus irrités par les critiques sur la destitution de Morsi, adressent aux Turcs. C'est le mouvement intitulé Bent Masr (la fille de l'Egypte) qui a soutenu la campagne de boycott des produits turcs. Cette haine anti-turc a même poussé le régime militaire d'Al Sissi jusqu'à annuler les manoeuvres militaires navales avec la Turquie pour «ingérence». [email protected]